18/03/2011

Réveil à 6h30. L’horizon est bouché ; il a plu durant la nuit. Petit dej dans la salle commune, l’animation est assurée par les trois Françaises qui … Départ à 8h15. Cette étape commence dans la brume par une descente de 300 m d’escaliers raides pour traverser une rivière, puis une remontée sur l’autre rive par un escalier aussi raide.

Chomrong est un village qui s’étage sur des terrasses cultivées, les fermes et les lodges le long du chemin. À mi- hauteur, il y a une boutique où on peut acheter beaucoup de choses (bouffe, PQ, même des chaussures !). Ce bourg ne vit pas que du tourisme : agriculture et élevage.

Après Sinuwa (2360m, 10h30), comme d’hab, montées et descentes dans une belle forêt d’arbres moussus (rhodos et autres), d’énormes rochers. La vallée s’étrécit. On entend les bouillonnements d’un gros torrent au fond, mais on ne le voit pas, pas plus que les sommets qui sont enveloppés par les nuages qui commencent à noircir. La forêt d’arbres se transforme en forêt de bambous et effectivement, on arrive à Bamboo (2310, 12h30). Pause repas « egg veg noodle soup ». On repart à 13h15. À partir de là, le chemin devient un vrai chemin de montagne sans ses pénibles escaliers. À quelques endroits, il y a des équipes au travail pour entretenir le chemin. Mais il se met à pleuvoir et on doit mettre les ponchos en plastique. Sur le sentier, on voit que la grêle est tombée juste avant notre passage. Du coup, les cailloux deviennent glissants et il y a de grosses flaques à traverser, difficulté aggravant le fait que le sentier est souvent « falaise/ravin ». Les hameaux constitués par les lodges sont presque tous alimentés en électricité jusqu’à Dobhan, grâce à des petites centrales électriques hydrauliques. On peut même recharger ses batteries !

On arrive à Himalaya (2920 m, 15h45) sous la pluie. On est trempé. Vite, on prend une douche chaude et on s’habille de vêtements secs. Dans cette partie du circuit, on rencontre beaucoup plus de randonneurs que dans la partie précédente.

Il y a toute sorte de randonneurs : des solos comme nous, plutôt minoritaires ; des couples avec guides, et de groupes avec guides et porteurs. On finit par les appeler les « randonneur – mains dans les poches ». Il y a des gros groupes (plus de dix) de Japonais ( ?), Chinois ( ?). On se distribue des « Namaste » à chaque rencontre. Les porteurs ont dans leurs paniers des charges incroyables. J’ai vu une valise à roulette dans un des paniers ! Parfois, le comportement des randonneurs est incroyable : un petit groupe « mains dans les poches » descend en courant, sautant de rocher en rocher, en bousculant ceux qui montent – un groupe dont un des hommes porte un sac débordant de stylos, crayons et autres objets scolaires, se débarrasse de son lest à chaque groupe d’enfants rencontrés. L’art et la manière de transformer les enfants des montagnes en mendiants auprès des touristes. Pourtant, à chaque village, au bord du chemin, il y a des urnes dans lesquelles il est demandé de verser son obole pour aider à la scolarisation des enfants…

Les porteurs peuvent être divisés en deux catégories : Ceux qui portent les affaires des randonneurs, plutôt privilégiés car ils portent chaussures et vêtements appropriés, et les porteurs qui approvisionnent les villages et les lodges, souvent mal chaussés (l’un d’eux avait ses chaussures ficelées pour faire tenir les semelles), parfois des enfants… avec des habits de bric et de broc, laissant sur leur passage une odeur de fumé.

Quant aux guides, bien souvent, ils n’en méritent pas le nom : dans cette randonnée, il n’y a aucune difficulté de repérage, le chemin étant évident, avec en plus des panneaux indiquant le chemin à suivre, et en cas de doute, les villageois (Namaste) sont ravis de vous aider. Reste la difficulté liée à la gestion de l’endurance. Et là, ils sont totalement absents. On les voit trotter devant leurs clients, lesquels, n’en pouvant plus, essayent de les suivre, essoufflés, suants, trébuchants. Les clients ne peuvent donc pas trouver leur souffle et leur rythme. Aussi, les groupes s’arrêtent souvent, ce qui qui fait qu’on n’arrête pas de se dépasser réciproquement. Certains guides sont plutôt maladroits en interpellant leurs clients par des « alors, ça va ? C’est pas trop dur ? Vous êtes fatigués ? » etc. On finit par donner des surnoms à certains groupes rapides, mais faisant des longues pauses, tel « l’Annapurna Express ». C’est un peu comme les trains en Inde : ils ont des noms ronflants, ils vont vite entre les gares, mais s’y arrêtent pendant des heures…

Les villageois agriculteurs (surtout autour de Chomrong) nous regardent passer avec un regard sympathique (Namaste). Pour eux, voir ce défilé de gens sur-équipés est devenu une habitude et ils vaquent à leurs occupations. Mais leur sous-équipement saute aux yeux : ces paysans viennent ici comme on vivait il y a cent cinquante ans en France dans les campagnes. Une grand-mère trotte à nos côtés dans les escaliers pieds nus.

Donc, on est à Himalaya hotel. Il pluviote toujours et par intermittence, il grêle. L’horizon est toujours bouché. Après la douche, on se réfugie dans la salle commune : une grande table avec autour une vingtaine de randonneurs et de guides discutant joyeusement et jouant aux cartes. On peut contempler les photos des montagnes punaisées aux murs à défaut de les voir au naturel. On s’installe autour de la table et on découvre qu’elle comporte une sorte de jupe : c’est pour se mettre les jambes dessous, car là, il y a un appareil à gaz qui chauffe ! On peut même y accrocher son linge trempé par la sueur et la pluie ! On finit l’après-midi à rédiger le présent blog sur le cahier. Repas autour de la table-jupe à 18h15. On rigole avec les voisins au sujet des montagnes dont on ne voit rien. « Les montagnes, c’est comme le Yeti, c’est une légende ! ». Les guides apprécient l’humour. On se couche à 20h ! Dans le sac polaire + trois blanket. Les blankets sont des grosses couettes matelassées recouvertes d’une vague housse. (On ne peut pas garantir que la housse n’ait pas servi avant nous, mais il y a du linge qui sèche dehors quand on passe devant les guesthouse). On passe la nuit à se battre avec les blankets qui ont tendance à dégringoler du lit…