26/03/2011
Grasse mat suite à sommeil de plomb.
Promenade jusqu’au sanctuaire bouddhique de Swayambhunath, à l’ouest du centre-ville, au sommet d’une colline.
Pour y accéder, nous prenons les petites rues derrière le Yellow House. La vie de ce quartier est très contrastée : de belles demeures peuvent donner sur une rue remplie d’ordures, tandis que des cabanons grouillants d’enfants nus et malpropres dominent un panorama exceptionnel sur la ville… En cours de route, on passe par trois temples (Indrani, Shobabaghwati, Bijieshwori) où de nombreux habitants de KTM viennent faire leurs dévotions ce samedi matin (qui vaut pour le dimanche chez nous).
Les gens sont très pris par leurs rituels religieux : tourner autour de l’arbre sacré, y déposer les offrandes, (dont de l’argent qu’un môme s’empresse de ramasser…), faire des mouvements circulaires avec la main tenant une bougie devant une idole et des signes sur le front ; d’autres joignent les mains et baisent les idoles, font sonner les cloches dans un rythme lancinant, déposant des fleurs, des grains de riz, du beurre fondu, se prosternant devant les statuettes les plus vénérées. Les familles s’installent sur les marches des temples comme pour un picnic, et sortent de leurs sacs en plastique tout un tas de victuailles (veg), et préparent des petits plats délicieux à déposer au pied des idoles, … aussitôt picorées, chipées, avalées par les nombreux pigeons, singes, chiens qui errent dans le secteur !
Il faut dire que nous, venus d’une autre planète, ne voyons pas trop la différence entre la dévotion envers Bouddha ou envers les dieux hindous. D’ailleurs ça se peut qu’ici, il n’y en ait pas…
Dans la rue qui monte vers le sanctuaire, une boutique de graveur de pierre : on entre pour voir le travail des artisans, des jeunes qui nous font l’article, et après avoir fait quelques achats, nous invitent à jouer une partie du jeu du « tigre affamé ». C’est un jeu de stratégie où un joueur est dans la peau de quatre tigres affamés qui doivent manger vingt oies (placées une à une sur une constellation à vingt-quatre points par le deuxième joueur) … Le vendeur, bon prince, me laisse gagner…
Arrivés au pied de la colline bardée de statues dorées de Bouddha, de mini stupas, de banians immenses procurant une ombre salutaire, un escalier raide et long (encore un) nous attend. Marchands et mendiants se succèdent bruyamment pour attirer le regard du pèlerin. Tout en haut, dans l’axe de l’escalier, brille l’or de la flèche du stupa.
Le sanctuaire est comme une place, où se prosternent des centaines de personnes, toutes à leur dévotion envers les milliers de statues, statuettes, reliefs, en pierre, en laiton, en argent. L’animation est intense, bruyante, enjouée. Toutes les différentes populations du Népal sont représentées : les bourgeoises de KTM, comme les paysans des montagnes, comme les employés de bureau ou les marchands du bazar. Tous semblent égaux dans cette dévotion : on prie, on chante, on fait circuler les bougies, le feu des bassines remplies de braises d’encens, on fait tourner les moulins à prière, on se prend en photo avec le téléphone portable, et on s’installe pour piqueniquer sur les marches, la cuisine préparée dans d’immenses chaudrons !
Retour au pied de la colline : dans un bistro, on mange un délicieux aloo paratha (crêpe aux pommes de terre épicées) et une thulpa (soupe de nouilles).
Retour à l’hotel pour nous soulager de nos achats (On découvre une échoppe vendant curd et fromage !).
Visite de la vieille ville. On fait les touristes disciplinés : on suit le circuit proposé par le LP. Ce circuit passe par des ruelles, des rues marchandes, des places, des cours : c’est la vieille ville. Les maisons tombent souvent en ruine et c’est dommage car elles sont toutes d’anciennes demeures de riches marchands de l’époque faste : balcons, fenêtres, volets, portes, poutres en bois ouvragé sculpté de motifs et de figurines. Les habitations se chevauchent sans ordre ni de hauteur ni de largeur ; parfois l’une d’elles s’est écroulée et il a fallu les étayer pour que les deux voisines ne s’écroulent pas à leur tour. Parmi cet enchevêtrement, des temples, des stupas, des sculptures pieuses, toujours vénérées.

C’est la bousculade dans le marché aux légumes, tout comme dans l’Asian street où les échoppes de vaisselles en cuivre côtoient le bric-à-brac de l’outillage, les chaussures ou les tissus. L’itinéraire débouche sur Durban square : de multiples pagodes, temples, monuments, statues s’entremêlent. Les jeunes de la ville s’y sont donné rendez-vous, et sont assis tels des pigeons, sur les immenses gradins de ce qui pourrait être de petites pyramides surmontées de temples en bois. Une joyeuse ambiance règne sur cette place : on y prépare des petits plats, de beignets, des glaces, etc… .
Et la promenade pourrait être encore bien plus agréable s’il n’y avait pas ces folles motos qui vous foncent dessus à grands coups de Klaxon dans les ruelles !
Retour à l’hôtel. Les prévisions de disponibilité du courant électrique ne sont pas du tout tenues : la ville et donc l’hôtel, sont plongés dans le noir nonobstant quelques vacillantes flammes de bougies. Difficile pour écrire le blog. On dîne d’un barbecue spécial préparé par les cuistots de l’hôtel.
Cette question de la fourniture de l’électricité est un vrai problème. Les plages prévues sont courtes (trois, quatre ou cinq heures, à raison de deux par jours) et elles ne sont même pas respectées ! On se demande comment fonctionnent les commerces avec leurs frigos, les artisans avec leurs machines, les administrations avec leurs ordis, etc … et nous, avec nos appareils à recharger … Quelques générateurs ronronnent pour fournir de quoi faire un éclairage d’appoint.