18/02/2014

Je dois réveiller la proprio pour pouvoir sortir de l’hôtel (8h). 7°. Il pleut de fines gouttes qui mouillent bien. Kway et chapeau. C’est plutôt compromis pour la rando…

Tant pis ! J’essaie de me rendre sur les lieux de mes projets : c’est dans un coin perdu au sud-ouest de Xiajiang. Je parviens à attraper quelques bus entrecoupés de parcours à pied. Finalement, au fur et à mesure que l’itinéraire s’enfonce dans la montagne, je me rends compte que mon projet de rando était irréaliste. D’abord parce que le kilométrage que j’avais déduit de la carte Acme, était de moitié inférieur à la réalité (45 km en vrai !), que de plus, ça monte et ça descend, et qu’enfin et surtout, le temps est vraiment pourri : il neige à cette altitude !

La route passe par les bourgs de Zabian 宰便 et Jiajiu 加鸠 – des bourgs un peu décousus et sens dessus dessous par les travaux de voirie – et pleins de petits hameaux avec le cachet des habitations dong traditionnelles, en bois, parfois sur pilotis. Dans le car, on est six avec le chauffeur : on se gèle, les fenêtres sont ouvertes et évidemment, il n’y a pas de chauffage. Le paysage est très beau entre Jiajiu et Guanghui 光辉 : des terrasses s’étagent sur les flancs des montagnes en pentes escarpées. La plupart sont en eau, et la neige sur les bords surélevés tracent de superbes contours blancs sur chacune d’elles, formant un joli feston d’hiver !

Arrivé à Guanghui, où la route s’arrête, on a une impression de bout du monde ! C’est un village au fond de la vallée, beaucoup de ses maisons sont en bois, avec dans la rue principale quelques commerces, portails ouverts à tout vent et où règne le désordre. En descendant du car, l’aide chauffeur m’indique que l’hôtel est juste à côté : c’est un de ces commerces, et rien n’indique que c’est un hôtel ! La dame qui le tient est en train de se chauffer les mains et les pieds avec une copine auprès d’une grosse résistance posée à même le sol. Elle est assez surprise de me voir débarquer et me fait monter au deuxième étage de sa maison en bois où il y a quelques chambres spartiates : un grand lit avec une énorme couette, c’est tout ! Les toilettes sont au rez de chaussée et il y a même une douche dedans. Mais aucun chauffage : les planches qui forment les murs sont disjointes et il fait aussi froid dedans que dehors. Bon, c’est propre et ça coûte pas cher : 25Y !

Bien sûr, il n’y a pas de Wifi dans cet hôtel et malgré tout il y a du réseau…

Pendant que je me réchauffe  un peu au-dessus de la résistance dans le magasin, un policier arrive et vient se réchauffer les mains. On forme un curieux petit groupe et on rigole un peu à cause du froid, etc… Au bout d’un certain temps, il me demande mon passeport ! Il s’y prend à quatre fois pour le photographier avec son mobile… Puis il le feuillette avec curiosité s’arrêtant sur tous les tampons  et énumérant les différents pays visités : on s’ennuie dans la police de ce coin perdu…

Je vais faire un tour sur la route de Jiajiu jusqu’au village de Jiawa 加瓦 . Ce village est encore préservé des pelleteuses et du béton : ses maisons en bois sont accrochées dans la pente, au-dessus des rizières. Des petites ruelles (glissantes à cause de la neige) le parcourent, laissant juste la place pour qu’une personne puisse passer ; les maisons étant en encorbellement, elles se mélangent presque au niveau des étages. À côté de chacune, une petite resserre où les récoltes sont entassées et parfois, c’est un cochon qui y a sa résidence.

Petite promenade dans les rizières, mais ça glisse tellement que j’abandonne vite. Il y a tout de même des paysans courageux qui ramassent des légumes et arrachent des mauvaises herbes. Sur la route des jeunes trimbalent joyeusement sur de grandes perches des morceaux de viande de porc et des volailles, probablement destinés à un BBQ géant …

De retour à l’hôtel, dans le commerce juste en face, des gamins jouent à des jeux sur ordi. Je sors mon petit ordi, et demande à l’un d’eux si le réseau que je capte est bien le sien. Il me répond tout joyeux « Yo ! » et je lui laisse faire le mot de passe….Lui est top pour les dernières technologies, mais sa mère ne sait pas lire la traduction en chinois d’une question que le lui pose….

À l’hôtel, la dame me donne une résistance pour ma chambre et je peux au moins sécher mes affaires. Le type qui prépare des plats dans ce village n’est pas dans sa boutique. Son installation n’est pas top et il faut manger dehors. Je fais le blog et j’irai voir si je peux me faire une soupe va-vite dans ma chambre.