11/01/2008
J’ai lavé mon linge sous la douche. Pas de complexe à avoir : ici tout le monde se trimbale en slip et en tongs, avec la tête sortie la seconde d’avant d’un sommeil profond…
En sortant de l’hôtel, toujours autant de monde sur la place de la gare, malgré le temps rafraichi par le vent. Il fait humide, le ciel gris sombre mais il ne pleut pas. Parmi les passants, il y a plein de gens en uniformes divers et variés et pour des motifs différents : la police, les militaires, bien sûr, mais aussi les balayeurs, les gens qui organisent la circulation des piétons, les guichetiers de la poste, ceux de la gare, dans certains restaurants, magasins, etc… Tous ces gens se distinguent par des grades et marchent bien droit. Visiblement, on garde son uniforme après le boulot. Trop d’uniformes tue l’uniforme !
Je visite le parc Yue Xiu 越秀公园. Quel plaisir ! Se promener à l’écart du bruit à observer les gens matinaux dans leurs diverses activités récréatives : dans une verdure bien ordonnée, ici on prépare le nouvel an en construisant des décors à taille humaine à base de bambou et de soie – dragons, poissons, phénix, et bien sûr, rats, car c’est bientôt l’année du rat (on ne rigole pas, je suis un rat), qui, dans ce monde optimiste, ressemble plus à Mickey qu’à ceux de La Peste ; là, les groupes d’anciens pratiquent des figures de Tai Chi, d’autres, solitaires, exercent leur chorégraphie compliquée au son d’un MP3 accroché dans un arbre ; les joueurs de badminton s’affrontent à la raquette ou au pied, des joggeurs soufflent le long des allées ; sous des auvents, des chorales chantent au son d’un accordéon et d’un violon, en suivant des partitions écrites sur des feuilles de paper board ; un peu plus loin, un duo de flute essaye de suivre une cantatrice qui s’ignore. A mon approche, cette femme veut me faire plaisir et chante pour moi un chant russe – « il est revenu le temps du muguet » – J’ai beau lui expliquer que je suis français, elle ne trouve rien dans son répertoire (un livret qui contient bien une centaine de chansons) à part « happy birthday« , chanté en chinois, évidemment… Au sommet d’une colline, une immense statue de granit représente quatre chèvres qui se bousculent autour d’un bouc.
Je traverse la grande avenue au péril de ma vie pour aller visiter le musée du tombeau du roi Yue du sud. J’y suis déjà allé il y a trois ans, mais je ne regrette pas d’y être retourné. Il y a, en plus des objets trouvés dans le tumulus (à peu près la même époque que X’ian), des salles d’expositions temporaires qui font le bilan des toutes récentes découvertes en matière d’archéologie (on creuse beaucoup d’autoroutes, en ce moment en Chine, et maintenant on préserve ce qu’on trouve). Et il y a des objets très anciens, par exemple une amulette en jade représentant un chaman invoquant les dieux du ciel, ancienne de plus de 5500 ans. Une salle est exclusivement consacrée à des repose-têtes en pierre ou en poterie, céramique, joliment décorés.
Enfin, il y a plusieurs salles consacrées aux jeunes auxquels il est proposé des « exercices » tel celui qui consiste à replacer correctement dans leur chronologie diverses reproductions d’objets du musée. Cependant, les mômes, comme partout, chahutent ou gueulent dans leur portable, alors que les gardiennes (en uniforme…) sont assoupies sur le dossier de leur siège. Dans une salle qui expose les objets et parures retrouvés dans les salles des concubines et eunuques, exécutés lors de l’enterrement du roi, un panneau explique qu’à cette époque, on vous le rappelle, c’était une société esclavagiste. Il faut dire que les Yue sont aux Hans, l’ethnie majoritaire, ce que chez nous sont les occitans aux rois de Paris. Et les Hans ont ratatiné les Yue par la suite. Les gens de Canton ont d’ailleurs toujours du ressentiment à l’égard des gens de Shanghai (sans parler de ceux de Pékin). Le jardin Yue Xin et le musée des Yue, très bon raccourci pour percevoir combien est profonde et vivante la culture ici.

Métro pour le quartier des ordinateurs. Dans le métro, très moderne, il y a des écrans plats sur les quais, dans les rames, qui vantent les mérites des lessives et de la bouffe hypercalorique, et, c’est nouveau, la famille heureuse type est, à présent, composée d’un couple et de deux enfants (si possible l’aîné le garçon, puis la fille). Et mieux, ils vont aller se distraire à Disneyworld (celui de Hong Kong), et circulent en VW.
J’erre dans l’immeuble des ordinateurs, plusieurs étages, des petites boutiques, des prix affichés, mais la calculette n’est pas loin… Je vois bien des trucs qui m’intéressent, je questionne, je teste plusieurs boutiques… Bon, c’est dit, j’ai craqué pour un note book de marque chinoise (sur lequel j’écris en ce moment) qui a la taille d’un A4, 160Go, 2GoRamDDR2, Pentium Intel Core2Duo 1,66ghz, Vista, Microsoft Office, un protège écran et un protège clavier pour moins de 500 € (après marchandage). Il y a plein d’autres trucs dessus, mais je n’en ai pas encore fait le tour… Le jeune vendeur a mis 4 heures pour le configurer en version anglaise (sinon, c’était chinois…) et suait à grosses gouttes pour rajouter les barrettes mémoires, et les logiciels qu’il m’avait mis dans le lot. Une fois payé avec mes euros en liquide, je fourre le tout dans mon petit sac à dos pour aller dans le resto indiqué comme fameux par mes deux guides (LP et guides bleus), le Guangzhou restaurant, célèbre pour sa cuisine raffinée, mais prix modéré.

Beau restau, populaire, bon enfant, serveuses en uniformes, plat de poulet délicieux. Mes voisins de tables sont trois jeunes femmes dont une avec sa fille de deux ans qui n’arrête pas de me taquiner et on rigole bien. Les gens commandent des tonnes de bouffe et repartent avec les restes dans des boites en plastique. Des écrans plats retransmettent une émission de télé que personne ne regarde sauf celui qui est préposé à ramasser les plats vides.
Le ventre bien rempli, et le petit sac sur le dos pareillement, je repars à l’hôtel par une rue commerçante piétonne, aux boutiques très éclairées, vendant des vêtements à la mode (mini jupes, bottes, fourrures, etc.), braillant chacune une musique syncopée différente. Des jeunes vendeuses, debout à l’entrée des magasins frappent dans leurs mains pour attirer l’attention des clients. Drôle d’impression de marcher dans cette rue et de se croire applaudi !!