12/12/2007

Je suis sorti du centre de la ville pour visiter le cimetière chinois, au nord. J’ai dû faire trois km, à pied puis en tuktuk, pour trouver son entrée, vu que les employés du métro m’ont indiqué la mauvaise station … C’est un immense cimetière, plutôt particulier : ici, les riches se font enterrer dans d’immenses tombes, ou plutôt mausolées, qui sont autant de maisons particulières d’un étage ou plus, parfois avec jardinet, électricité, voire WC (car les besoins dans l’au-delà sont insondables). Plusieurs rues le traversent avec une ligne blanche discontinue au centre (surement afin que les corbillards ne fassent pas la course entre eux…). En sortant, je traverse à pied quartier avoisinant dont les étroites ruelles sont à la limite du bidonville. Je pense qu’avec une vingtaine de tombes, on pourrait en loger tous les habitants assez confortablement.


Je reprends le métro (facile à dire, mais pas si facile à faire : à chaque fois qu’on prend le métro, il faut faire la queue pour acheter le billet DU trajet) pour rejoindre Ayala, le quartier moderne de Manille : dans ce quartier d’affaires, on peut faire des kilomètres sans sortir de la zone à air conditionné. C’est rempli de beaux magasins de luxe, marques, restaus avec beaucoup d’employés, mais il n’y a pratiquement pas de clients dedans !! Dans les passages, les gens hâtent le pas pour aller au bureau…
A Manille, on est fouillé partout : à chaque entrée d’immeuble, à chaque station de métro, dans chaque magasin, chacun est fouillé par des gardes armés jusqu’aux dents (hommes pour les hommes, femmes pour les femmes) ! A l’aide d’une baguette, ils soulèvent les objets du sac et tâtent les vêtements au cas où on aurait une ceinture d’explosifs. J’assiste à un transfert de fonds du fast food où je prends un café : on croirait à un vol à main armée (c’en était peut-être un…). Enfin toutes ces fouilles n’empêchent pas les coups d’état : l’actualité locale tourne autour du jugement des protagonistes du coup du mois dernier. Mais la Présidente a déjà dit qu’elle demandait l’indulgence des juges. Tout va bien, donc.


Les tuktuks de Manille sont des cabines soudées sur le côté du vélo (ou plus rarement de la moto) à la bonne hauteur pour respirer les gaz d’échappement. Ces cabines ont la taille d’un landau où je peux à peine allonger mes jambes et ou je dois rentrer la tête dans mon cou. Comme les Philippins sont petits, j’ai vu un vélotaxi trimballer une famille de deux adultes et deux enfants.
Dans le métro, les deux premiers wagons sont réservés aux femmes. Mais elles peuvent aussi fréquenter les autres.
Le transport le plus pratique pour les habitants de cette immense ville reste le Jeepney, un genre de chimère entre les jeeps de l’armée américaines de la WWII et les camionnettes pour le transport de troupes. Ces véhicules sont très décorés par des peintures, représentant principalement des figures du mythe religieux catholique, mais on y voit aussi (Bat + Spider)man qui ne déparent pas au mythe. On peut tenir à une vingtaine avec bonne volonté. Les gens sont très gentils et la monnaie du dernier qui vient d’entrer passe de main en main pour donner au chauffeur. C’est un tarif unique très modeste (7 pesos, soit 10c d’euro). Pour l’étranger c’est plutôt compliqué : bien que les trajets soient indiqués (les directions sont peintes en abrégé sur le capot) il faut bien connaitre les différents quartiers pour s’y retrouver. Je l’ai déjà testé trois fois, mais pour descendre, j’ai dû attendre l’arrêt à un embouteillage…
Encore une épreuve pour ce soir : pendre le taxi pour aller à la compagnie de bus. Celle-ci s’appelle très judicieusement AUTOBUS et je vois déjà poindre les difficultés pour me faire comprendre… je crains un sketch à la Devos !
Finalement, c’est un tout autre scenario qui s’y déroule : le gars de la sécurité de l’hôtel me porte mon sac jusque dans la rue, puis hèle un taxi : il lui indique la destination. Mais le taxi ne veut pas utiliser le compteur et veut me faire payer trois fois le prix de la course sous prétexte que ce soir il y a beaucoup de circulation ! comme je ne suis pas d’accord, finalement je prends le métro puis, finit le trajet en marchant dans les rues sombres aux trottoirs déglingués pendant un quart d’heure, ce qui est, tout compte fait, la bonne solution. Seul hic : il a fallu vider mon sac à dos pour la fouille à l’entrée du métro, bien que je bloquasse l’escalier menant à la station (ce qui fait qu’une centaine de personnes ont attendu patiemment que le type de la sécurité inspecte mes chaussettes).

Le bus longue distance est un peu déglingué : la mousse des fauteuils est rare et leur armature aime bien mes genoux. Mais le pire c’est la clim. Au début j’en suis bien content, vu la chaleur extérieure. Et quand j’ai vu arriver les locaux avec leur anorak de montagne, j’ai trouvé ça plutôt drôle. Mais finalement je regrette d’avoir laissé mon polaire dans le sac qui est parti dans la soute à bagages. Et donc c’est eux qui rigolent de me voir bricoler la soufflerie au-dessus de ma tête pour éviter la glaciation. C’est un effet bizarre de se les geler dans le bus, alors qu’on voit dehors les gens se balader en tee-shirt.

J’ai tout de même dormi un peu. Au lever du soleil, le bus était à zigzaguer dans les montagnes du nord de l’île de Luzon.