11/02/12
Grasse mat !
Promenade matinale sur la corniche. Il fait beau et, au soleil, il fait chaud. Mer calme.
En fait, je cherche une carte postale. Mais ici ça semble une denrée inconnue. Les libraires n’en ont pas, ni les marchands de journaux. Je vais jusqu’au Fort – chez les marchands de souvenirs, rien ; que des coquillages et des pyramides en plastique. Pour finir, je tente ma chance à l’hôtel Cecil, le ***** de W.C. – rien non plus ! Mais l’hôtesse me propose de regarder là-bas, sur le tourniquet où il y a des prospectus : il y a en effet des cartes postales publicitaires, mais bof…
Je récupère mon sac à l’hôtel et me dirige vers la gare. Là, je m’assure que les trains fonctionnent (une grève avait été annoncée). Le train est déjà à quai. J’ai du temps pour manger un grand bol de nouilles dans une gargote voisine, et retour à la gare. Les wagons sont « tout beau tout propre », et on part presque vide. Il faut dire qu’à la deuxième station, le train se remplit complètement. Un homme quinqua, corpulent et moustachu s’assoit lourdement à côté de moi, et se plonge dans son journal. Moi, de même : j’avais acheté en route le journal local rédigé en français, le Progrès égyptien : c’est un quotidien de quatre pages sans publicités ni annonces qui s’adresse à la communauté francophone du pays.
Le delta est une « plaine riche et fertile », surtout sans relief, ni palmiers. Petits champs, canaux d’irrigation, des charrettes tirées par des mules.
J’avoue que je me suis assoupi.
Je sors de mes songes… Mon voisin qui grignote des biscuits m’en propose et noue la conversation en anglais. Dans les présentations d’usage, il m’informe de sa profession : ingénieur, qui, si j’ai bien compris, a quelque chose à voir avec l’inspection du travail et la sécurité dans les entreprises. Il est venu visiter la France alors que Giscard était président. Il se souvient bien de Nîmes et de Marseille, et bien sûr de Paris, so beautiful !
Il m’explique que, quand il était jeune, tout était vert dans le delta. À présent, il y a une multitude de constructions désordonnées, rognant sur les parcelles. Des entreprises ont construit leurs hangars d’une façon tout aussi anarchique. Quant aux villes et villages, ils se succèdent comme si on est dans une grande banlieue. Des entreprises familiales de briqueterie – une trentaine de hautes cheminées qui exhalent de grosses fumées noires, désolent mon voisin : « elles sont illégales : on ne doit pas creuser ici pour trouver de la terre, ça détruit le delta ! Il faut aller la chercher dans le désert, là où il y en a plein ! ». Il est scandalisé : 95% des constructions et des commerces se font, selon lui, sans permis !
Le gars sort son portable et me fait écouter Oum Kalthoum. Pour lui, cette musique d’il y a soixante ans : « on ne fait pas mieux ! Regardez, ce morceau : il dure une heure ! Aujourd’hui, les chansons ne durent pas plus de cinq minutes ». Et il se met à fredonner. Il me traduit la phrase que la chanteuse décline cinquante fois dans des variations douloureuses et plaintives : « Où vas-tu ? ».
Puis il s’ouvre sans détour à l’actualité politique. Il est du côté des révolutionnaires : il me montre sur son journal « les gens du gouvernement téléguidés par les militaires qu’on ne veut plus voir », accuse la police d’avoir fomenté la tuerie de Port Saïd, que Moubarak est certes parti, mais pas ses copains, etc. D’ailleurs il doit rester une semaine pour son travail au Caire, mais tous les soirs, il ira place Tahrir discuter avec les jeunes, « c’est eux qui ont raison ». Là-dessus, il s’endort…
16h30 à la gare de Ramses. Je me renseigne pour connaître le quai des trains pour Assouan. Difficile de se faire comprendre…
Retour à l’hôtel Luna, mais pour la venue de Véro, on passe à la catégorie supérieure : le Bella Luna, sa succursale catégorie supérieure, qui occupe le troisième étage et qui est tout neuf avec des installations modernes.
Petit tour en ville : à la nuit tombée, toujours du monde, des drapeaux et des banderoles sur la fameuse place, les rues toujours aussi remplies de monde à baguenauder dans les rues commerçantes alentour, des pâtisseries et des glaces à la main.
Je clos le blog et vais chercher Véro à l’aéroport avec le chauffeur de l’hôtel.
Retrouvailles à l’aéroport. Son voyage fut agréable et les formalités sans souci.
Petite virée nocturne à la place Tahrir et dans les alentours de l’hôtel, encore animés à cette heure tardive, pour entrer en contact avec l’atmosphère du Caire.