04/02/2014

Grasse mat. J’ai décidé de faire une pause à Anshun. Au programme aujourd’hui : Tianlong Tingbao ou Tinpu 天龙 屯堡 , une cité ancienne conservée à titre historique.

Bus 3 pour la gare de l’est, celle où j’ai débarqué hier soir. Là, c’est la foire d’empoigne : il y a bien cinq cents personnes qui se pressent contre les guichets. Il y a un coin information : une femme très aimable, affublée d’une écharpe rouge en bandoulière, et, bien que ne parlant pas anglais, m’aide à résoudre mon problème : elle va directement aux guichets par le côté du personnel et revient avec mon ticket, puis elle m’accompagne jusqu’au bus ! Sur le chemin, elle en profite pour faire la police avec une certaine autorité : elle fait éteindre une cigarette, fait ranger les familles qui campent au milieu du hall, fait une remarque au type qui veut faire rentrer sa palanche et les deux gros sacs qui y sont attachés sans les défaire dans la machine à rayons X, …

L’autocar suit un itinéraire de routes défoncées, poussiéreuses, traversant des villages chaotiques. Une heure pour faire 25 kilomètres…

Tianlong Tingbao est une cité fondée au quinzième siècle, à la suite de la conquête de cette région montagneuse sous l’ère des Ming, par les Han (l’ethnie majoritaire en Chine). C’est de cette époque que les minorités (dans cette région, les Miao) ont été chassées des vallées fertiles pour aller se réfugier dans les montagnes. Il ne reste de cette cité que quelques rues et ruelles où se cachent des maisons en bois anciennes, une résidence en pierre et un petit palais en bois. Cette cité est à présent encastrée dans une petite ville tristement moche et encombrée.

Les habitations de la cité ont leurs murs porteurs extérieurs en pierres sèches, et leur façade est en bois, avec un portail donnant sur une cour intérieure. Une cour peut donner sur plusieurs maisons ou encore sur une autre cour, etc… Pour accéder à une cour, il faut passer par un porche. Les familles habitent ces maisons et sont dans l’état : pas de rénovation, pas de conservation particulière, ce qui fait que quelques-unes sont en ruine et que déjà d’autres ont disparu pour laisser la place à des maisons en béton…

Une rue semi piétonne d’un petit kilomètre permet de parcourir cette cité, mais il faut aller dans les rues adjacentes pour découvrir les cours intérieures et les belles façades. Personne ne va dans ces ruelles, les touristes restent à baguenauder dans la rue piétonne à soupeser les souvenirs et babioles qui leurs sont proposées par des dames en costume traditionnel.

Alors que je mets mon nez dans une cour intérieure, une mamie me fait des grands signes : elle me propose de boire un grand verre d’eau chaude dans sa chambrette où sa famille se presse autour d’un poêle. Je reste un petit moment avec eux, et me réchauffe car dehors il fait frisquet ; on rigole bien, même si je ne peux répondre à aucune de leurs questions !

Dans la grande résidence en pierre, il y a une belle collection de pierres de jade polies « par le vent et l’eau » et le palais en bois abrite une belle collection de fossiles. Ces fossiles ont longtemps fait croire qu’il s’agissait de fleurs aquatiques, d’où leur surnom de « lys de mer ». Sous cet aspect fleuri se cache un être du monde animal : un échinoderme (Permien – 250 M d’A).

Retour dans l’après-midi à Anshun. Au milieu d’un quartier totalement bouleversé par des constructions neuves, je trouve une rue ancienne pleine de petits restaurants et de marchands de légumes. J’y mange des bouchées à la vapeur délicieuses préparées sur place. De cette rue, je fais deux pas et je suis au temple Wen Miao 文庙 où se déroule une petite fête pour enfants : chacun reçoit d’un maître une calligraphie à son nom.

J’erre ensuite autour de la colline de la pagode 白塔 (mal située sur le LP…) où des villageoises de diverses ethnies alentours se sont rassemblées pour chanter leurs chansons traditionnelles.

Fin de la journée derrière un bol de nouilles.