15/12/2007
Aujourd’hui, destination Bontoc puis Sagada (ce n’est pas une marque de bonbons !)
Une grosse pluie a tambouriné sur la tôle des toits de l’hôtel toute la nuit. Au lever du jour, la brume découpait les terrasses en différents tons de gris.
Le Jeepney pour Bontoc part à peu près à l’heure. Conversation sur le temps qu’il fait avec une dame : « en principe, ici la saison sèche débute début décembre. Ha, le temps se dérègle… ». Les pluies ont transformé la route en un chemin boueux. Il faut 3 heures pour faire 40 km ! La route est à flanc de montagne. On voit que la route a été souvent emportée par des avalanches d’éboulis. Aux arrêts, lorsque l’intérieur du jeepney est plein et que du monde doit monter, les jeunes se dévouent pour céder leur place : ils passent par les fenêtres et grimpent sur le toit (malgré la pluie fine) !
La vallée s’élargit à peine pour arriver à Bontoc et autorise quelques rares terrasses.
Arrivé à Bontoc, il y a une heure d’attente entre les deux jeepneys : je me promène en ville, aux allures de far-west. Il y a une grande fête des écoles sur la place principale ; mais, pas loin de là, veille un tank de l’armée… avec quelques soldats portant mitraillette.
Une heure de route de montagne pour arriver à Sagada dans la brume. Ici le terrain est calcaire et la petite ville s’arrange avec les falaises, les grottes et les rivières souterraines.
Je choisis l’hôtel juste à la descente du Jeepney : il est propre et cheap.
Sagada est une bourgade de montagne (la Cordillère du nord) entourée de champs de café et de cultures vivrières. La ville est dominée par l’énorme église d’une mission, d’où égrènent des chansons de Noel par haut-parleur. Tout le monde en profite de 6h du mat à 20h !
L’intérêt de Sagada réside dans une coutume ancestrale consistant à placer les cercueils dans les grottes du coin ou de les accrocher au flanc des falaises. Il y a plusieurs sites au-delà de la ville. Je randonne 3 heures pour les visiter.
Il y a une grotte dans laquelle les cercueils montent entassés jusqu’au plafond. Il s’agit de vieux cercueils vermoulus ; l’un d’eux, percé, laisse entrevoir un crâne…. Une autre falaise sert de support à une vingtaine de cercueils, avec des noms écrits grossièrement au pinceau. Ils sont accrochés à une dizaine de mètres du sol dans une partie concave de la falaise, donc à l’abri de la pluie. Il y a aussi deux chaises (?) accrochées avec les cercueils ! Cet endroit est assez singulier car il se situe au fond d’une vallée étroite dont les falaises sont si proches qu’on s’entend bouger dans la végétation grâce à l’écho.
La vallée débouche sur une rivière qui, à peine sortie d’un tunnel, s’engouffre dans un vaste trou… Je termine ma promenade à la tombée de la nuit : il est temps car la dernière partie du sentier n’est pas entretenue et peu visible, et se perd dans une végétation luxuriante qui mange les rochers. Je retrouve la route principale, en sueur et tout boueux…
A l’entrée du nouveau cimetière installé par la mission (il fallait bien arrêter ces pratiques tribales), il y a deux plaques de pierre sur lesquelles sont gravées les dix commandements ! Bon, « ne pas convoiter la femme de son ami » pourrait encore avoir un sens dans l’au-delà, mais « tu ne tueras point », c’est déjà trop tard…
Bouffe dans un restau où un artiste local expose ses photos noir et blanc prises entre 1930 et 50 et qui montrent les tribus locales dans leurs diverses activités quotidiennes. Sagada a beaucoup changé !…
Panne d’internet ce soir en ville.
Des pétards éclatent jusqu’à 22h, heure à laquelle je décide de mettre mes bouchons dans les oreilles.
Dans cette région des montagnes, les gens parlent une langue basée sur l’ilocano, émaillée par beaucoup de mots anglais (everyday, money, already,…) et quelques mots espagnols (cigarillo, mucho, para pour arrêter le jeepney).