02/02/2014
Ce matin, beau temps, un peu couvert, 25°.
Le bus que je dois prendre étant à 13h, je visite la ville. Avant, j’ai regardé sur un site chinois (bing.com) le plan de la ville afin de m’orienter et de repérer les quartiers intéressants (pas encore démolis par la frénésie immobilière). Heureusement la gare routière est à peu près au centre-ville, et mon hôtel juste à côté. La ville est au confluent d’une petite rivière et du paisible fleuve Yong. Dans les vieux quartiers, il y a peu d’animation à cette heure matinale ce dimanche. Ce sont des maisons qui datent de la guerre et qui sont un peu délabrées. Devant les maisons, des grands bâtons d’encens ont été plantés et procurent un parfum agréable ; des anciens balayent les déchets de papier rouge dus aux feux d’artifices et autres pétards.
Dans une petite boutique artisanale, on fabrique des nouilles de blé : pétrins, machine à laminer la pâte, machine à faire les fils. Les nouilles sèchent dans la rue. Un peu plus loin, une femme prépare des crêpes de riz farcies qui ont l’air délicieuses, car les gens font la queue.
Dans une belle voiture, une jeune fille dans un beau costume traditionnel. Comme je la prends en photo, les parents, ravis, me proposent de la photographier hors de la voiture : séance photo ! Elle va à un festival assez loin de là, et je suis désolé de ne pas pouvoir répondre à l’invitation qu’ils me font d’y venir
Au centre du quartier, le marché est animé. On y vend tout un tas de produits qui viennent de la campagne, les gens les apportant dans leur camionnette, ou dans des paniers portés à l’aide de palanches. Vers le confluent, je tombe sur une rue « à l’ancienne » : une rue commerçante du début du 19ème siècle, aux maisons préservées. Au milieu de cette rue, une ancienne maison traditionnelle du début du 18ème siècle, de la guilde des riches marchands de Guangzhou (= Canton). Elle a été occupée pendant la période de la longue marche par Deng Xiao Ping, qui dès 1929, en fit son quartier général. Cette maison est très belle et possède des décors de toit en faïence : des scènes de genre, des paysages, très finement réalisés. Cet endroit historique est un musée gratuit présentant des souvenirs des héros de la période révolutionnaire.
Je descends vers la rivière où des gens pêchent ; en face, un parc où les arbres sont en fleurs et où les gens sont venus se faire photographier. Le coin est très paisible.
Je retraverse pour errer encore dans les vieux quartiers puis vers la place centrale. Là, c’est l’ambiance relaxée du dimanche, où l’on vient se promener, se détendre, se divertir. Des gens dansent des valses lentes.
Dans le grand parc qui est juste en face, il y a une animation sur une scène : on y chante des chants traditionnels. La sono est pourrie, mais les gens semblent ravis. Des danseuses se préparent…
Plus loin dans le parc, des animations sont proposées aux enfants pour une modique somme. Les parents achètent des dessins ou des statuettes à colorier et les enfants s’en donnent à cœur joie. Dans ce parc, il n’est pas un endroit sans une petite scène à contempler, banale pour eux, et si surprenant pour nous : danses, chants, gymnastique, taï-chi, jeux, etc.
Retour à l’hôtel ; je fais la remarque au jeune qui tient la réception, que son hôtel est cher pour ce qu’il est. Il proteste et je lui fais faire le tour de la chambre pour lui faire comprendre que ça ne vaut pas 100Y. Bien sûr, il ne veut pas accéder à ma demande de ristourne. Que sa mauvaise foi l’étouffe !
5h30 d’autocar pour arriver à Wangmo 望谟 (province du Guizhou). D’abord deux heures d’autoroute.

Ma voisine, une jeune femme affublée d’une fillette remuante, finit par la faire dormir, et je me retrouve à partager le bambin dont la tête repose sur mes genoux… Une fois l’autoroute quittée, la jeune fille change de place. Bien lui en pris : c’est le début des montagnes et la fillette n’arrête pas de vomir et de brailler !! On a changé de province en quittant l’autoroute : du Guangxi on entre au Guizhou. On passe plusieurs cols par une route étroite, mais il y a peu de circulation. Le temps est magnifique. Le paysage a totalement changé et les reliefs sont plus classiques, et assez peu habités. Les rares villages sont bien différents : ils sont plus désorganisés, des poubelles partout (impossible au Guangxi), les maisons déglinguées sans être traditionnelles. A l’approche de Wangmo, la route est défoncée par des travaux d’assainissement et une autoroute est en construction. Tout est couvert de poussière.
On arrive à la nuit tombante. En face de la gare routière, je vais vers le premier hôtel où on me fait comprendre que c’est fermé (?). Dans celui d’à côté, bien plus lumineux, on me propose une chambre à 100Y. Confort royal 5x8m, etc. Pas de wifi mais il y a un ordi à disposition et je peux me servir du réseau filaire.

Je m’installe et ressors aussitôt pour aller manger. La dame de la réception me fait signe « voulez-vous manger ? » ; en langage des signes, ça donne : la main gauche qui forme un bol, et les deux doigts V de la main droite imitant les baguettes, les doigts V allant et venant vers le bol, alors que la tête est baissée. Je fais due = oui. Et une demi-douzaine de femmes m’invitent à manger autour d’un hot pot = soupe de légumes et viandes, plat de poulet et plat de saucissons (un régal) et lard fumés + sauces, riz, etc. On m’apporte un bol de riz fumant, on m’approche un fauteuil et je deviens l’attraction ! Quelle différence avec la veille !
Je sors faire un tour pour aller aux renseignements à la gare routière, mais elle est déjà fermée. Je parviens à avoir quelques renseignements pour demain auprès du gardien et de ses potes. J’ai remarqué que quelques personnes connaissent l’anglais écrit, mais ne comprennent pas le parler. Aussi, on discute … sur des bouts de papier !
Tard le soir, alors que je viens de me déshabiller pour aller me coucher, on frappe à la porte. Un gars me montre sa carte : police ! C’est sûr, il était un peu gêné de me trouver en si petite tenue. Il vient pour me faire remplir un papier de présence dans la ville, comme dans le bon vieux temps ! Comme, il ne parvient pas à lire mon passeport, je lui prête mes lunettes… Je lui offre même un coup à boire, mais il refuse comme si c’était le diable ! Il repart avec un grand sourire et le salut militaire !