31/12/2007

Réveil à 5 h et départs à 6 h pour partir grimper le mont Hibok-Hibok. Au bout de quelques mètres, je m’aperçois que le pneu arrière est dégonflé ! A la station-service, on me dit que le pneu est crevé et que le « vulcanisator » d’en face est fermé. Je pousse le motobike sur 500 m car on m’en a indiqué un autre. Là on me dit que le ‘vulcanisator‘ est au CR (prononcer comme « cigare » mais sans le G) = Confort Room ; en clair, il est aux toilettes. J’attends un quart d’heure et je le vois sortir tranquillement de l’église d’en face. Il squattait les WC de l’église !

Réparation du scooter

Il faut dire que son atelier est un foutoir total, des pneus et des outils partout, des tas de ferraille rouillée, entassés, grignotés par la végétation, une cabane mal ajustée, et un compresseur qui doit dater des Japonais. Le gars démonte le pneu en un clin d’œil et s’aperçoit qu’il est juste dégonflé : pas de trou ! Un farceur m’aurait-il dégonflé le pneu à l’hôtel cette nuit ? Un autre clin d’œil, et je reprends la route du volcan, sur environ 10 km.

Là-haut, il fait frais, alors que j’avais pris une bonne suée à pousser la moto. Je pars à 7 h sur le sentier qui s’arrête au bout de 200 m à la dernière maison (cabane) sur la lisière de la forêt. Un type en sort aux aboiements des chiens : il doit être habitué, il m’indique la voie derrière son jardin. De chemin, il n’y en a pas. Il s’agit plutôt d’une trace laissée par les quelques randonneurs et vite recouverte par la végétation. La trace grimpe assez rapidement dans la forêt. Il fait très humide : je quitte ma chemise. Mon pantalon est rapidement trempé par l’eau qui dégouline des plantes ; pareil pour les baskets. La trace est souvent glissante, encombrée de feuilles mortes, de racines, de cailloux roulants, de troncs en décomposition. Parfois des arbres se ont été abattus et c’est à chaque fois un calcul pour les contourner ou passer dessous.

Dans cette partie de la montée, les arbres sont hauts, des épiphytes leur grimpent dessus et le sol en pente est recouvert de fougères, bambous et autres roseaux. La trace est toutefois assez visible. Il n’y a pas d’insectes, juste quelques toiles d’araignées à dégager, ni de sangsues ; heureusement car l’exercice est déjà assez rude comme ça. Quelques chants d’oiseaux et des bruits de feuillage sous le vent. Je dérape souvent et dégouline de sueur. Je me retrouve assez souvent le cul par terre. Je pense déjà à la descente… Après un premier tiers, la trace suit une crête, et grâce à une éclaircie dans la végétation, il y a une belle vue sur l’ile, la mer, les iles au loin. Mais le sommet du volcan est toujours en plein dans les gros nuages bourgeonnants. Petite descente sur un plateau encombre de plantes à grandes racines aériennes et au sol boueux.

Remontée dans une forêt sombre (j’arrive à la hauteur de la brume) ; la trace est toujours pentue, les dérapages pas toujours contrôlés. La forêt s’arrête brusquement et la végétation, genre buis/rhododendrons, arrive enfin à hauteur d’homme : je vois… que le sommet est toujours emballé de brume. Parvenu dans une sorte de cirque, rempli de rochers aux formes déchiquetées et comme plantés dans une végétation exubérante. Il faut à présent sauter de rochers en rochers car il n’y a plus de trace. Du coup, je laisse derrière moi des petits cairns faits de bouts de lave, car la brume recouvre tout.

A un moment, j’aperçois un sommet découvert de nuages avec de grandes pierres plates recouvertes d’inscriptions peintes. Je veux me diriger vers ce point, mal m’en a pris : sur 50 m, je peine dans une forêt de roseaux plantés dans un chaos de rochers invisibles tant qu’on n’a pas les pieds dessus…

Une éclaircie

Après ce passage délicat, je parviens à ce sommet et retrouve une trace ! Pause casse-croute ! C’est là qu’on s’aperçoit que les pomelos ont une bien meilleure saveur ici que quand ils sont mangés en ville ! J’avale un litre d’eau. Il est 9h30. Je reprends la trace, mais en fait elle ne va qu’à un autre sommet, plus à l’est. Toujours autant de brume. Et difficile de trouver une voie pour sortir de ce champ de rochers/roseaux. En plus ça glisse. Je galère une bonne demi-heure à me dépêtrer dans ces roseaux (heureusement, ils ne sont pas coupants) et ces rochers sous lesquels je devine de belles cavités…

Après quelques hésitations, je retrouve avec le plus grand soulagement mes petits cailloux ! Ouf ! A la descente, je retrouve les problèmes de l’aller : glissades, pieds qui se prennent dans les racines, quelques ronces, les arbres couches, etc. Je retrouve aussi les quelques marques que j’avais faites sur les branches avec mon couteau. Encore quelques dérapages, et le cul dans la boue et je retrouve vers 12h30 la cabane et le bonhomme qui me fait des grands signes en levant le pouce vers le haut ! Je lui explique par geste (ici, on ne comprend pas les mots d’anglais) que j’ai beaucoup glissé. Et il rigole bien ! Je suis sûr qu’il est plus à l’aise avec ses tongs, que moi sur ces traces…

Retour à la moto où je termine mon pomelos, surveillé par deux mômes, les doigts dans le nez, interloqués. Retour à l’hôtel où je passe une heure à me requinquer, à prendre une douche et à laver mon linge couvert de boue.

Reprise de la moto vers le Nord-ouest de l’ile pour aller voir les sources chaudes de Tangub. Elles sont censées sortir sous la plage et se mélanger à l’eau de mer. Mais je suis un peu déçu car, à part quelques courants un peu plus chauds, pas grand-chose. Des types qui passent par la et me voient patauger m’expliquent qu’a marée haute, il n’y a rien à voir… Heureusement, c’est une très jolie crique (mer bleu profond, cocotiers, rochers noirs, maisonnettes de pêcheurs). En revenant vers l’hotel, les gens sont sortis sur la grand-route et trainent leurs tongs en chahutant. « Hello, friend » me crient les gamins, « happy new year » me lancent les adultes. Des gens se rassemblent devant les multiples églises où des jeunes dansent, parfois avec un orchestre de fortune. A l’hôtel, où mon linge est presque sec, la patronne m’explique qu’après la messe, vers 11h, ce sera la fête, et qu’il y aura beaucoup à manger. Et je suis invité !
En attendant, je vais faire un tour à l’église : même spectacle qu’à El Nido avec deux fois plus de monde. Il fait super chaud. Des hommes sortent discrètement de la cérémonie pour aller pisser le long de l’église… Où s’arrête le sacré…
Quant au réveillon, il est plutôt tristounet : l’assistance tourne autour d’un australien ex-croate marié à une Philippinos et la famille de cette dernière qui vit aux crochets du mari, plus quelques individus. La bouffe est quelconque. Le type voulait absolument danser avec sa femme dans une grande salle pouvant contenir 200 personnes…

Jeux d’enfants sur le tarmac de Camiguin

En rentrant dans mon bungalow, je dois occire à coup de Raid un milliard de fourmi qui ont su trouver l’itinéraire vers le cake que j’ai prévu pour le petit dej.