26/12/2007

Hier soir, j’ai mangé des crêpes Suzette ! Un Français tient un Bistro (c’est son nom !) à Coron. Ce matin, je retourne dans cet établissement pour commander un poisson pour ce soir. Le patron est là, et j’en profite pour tailler une bavette avec lui. Cet ancien anthropologiste (61 ans) s’est posé aux Philippines où il a eu divers revers de fortune. Il en a un peu ras le bol et voudrait bien bouger, mais il faut vendre son affaire (qui marche bien), mais il ne trouve pas preneur ! Faut dire qu’ici, avoir une propriété est un sport dont les règles sont peu établies et à géométrie variable. Par exemple, quand il a acheté son bistro le long de la Highway (route de centre-ville à peine large pour deux voitures…), on ne lui avait pas dit qu’une loi récente définissait l’empiètement théorique de la route était de 20 mètres de part et d’autre de son du milieu. Donc que les parties construites sur cet empiètement ne sont plus à lui. Pour faire simple, dorénavant, il ne lui reste en titre, que la cuisine et les chiottes… Il cherche un acheteur naïf… Compréhensible qu’il soit aigri après les Philippins. On discute une bonne heure : il me raconte son point de vue sur l’élite de la société philippine, celle du haut de l’échelle qui fréquente son établissement (car dans ce trou, il attire tout de même le gratin : dîner chez lui, c’est chic. On y mange du poulet basquaise, et du coq au vin… et autres choses « étonnantes » qui font qu’ici, c’est sa cuisine qui est « exotique » !). Bref, ses études de jeunesse lui servent à avoir un œil critique sur son pays d’adoption (momentanément, car il irait bien à Panama…).

Quelques réflexions de sa part : la Chine spécule sur la monnaie des Philippines, car il n’y a aucune raison que le Peso soit fort : on ne fabrique rien ici ; comment Sarkozy peut prétendre régler le problème des marins pêcheurs, alors qu’il ne peut même pas garder une morue chez lui ; lorsque les Philippins sont jaloux de la réussite d’un occidental chez eux, ils se débrouillent pour lui mettre une fille (ou plusieurs) dans les pattes, et les problèmes commencent…etc. Cela dit, sur l’aspect du bonhomme, volubile à souhait, il doit gouter ses plats, porte un catogan crasseux et la rangée d’incisives supérieure n’est plus qu’une rangée de chicots… La conversation s’est arrêtée, lui s’excusant car « maman » l’appelait en cuisine…

Tôt ce matin à l’agence, j’obtiens un billet d’avion pour Manille, vol demain matin. Ensuite j’essayerai d’aller à Tagaytay près du lac Taal, 70 km au sud de Manille.

Je vais ensuite à pied à 4 km de là dans une source d’eau chaude (salée) : Makinit Hot springs. Alors qu’il y fait une chaleur étouffante, une fois sorti des bassins, l’air semble frais… Retour en ville en tricycle, puis montée sur la colline au-dessus de la ville où se dresse un crucifix, et d’où il y a une belle vue sur la baie et les iles ( cet endroit est, parait-il, un lieu exceptionnel pour la plongée sous-marine, car les Américains y ont coulé une vingtaine de navires japonais, et ça se visite… moyennant 25 € par plongée).

Puis je vais voir comment on prépare mon poisson ! Mais, déception ! Je ne parlerai pas du poisson du Bistro, car il n’en a pas. Pourtant, une heure avant, au marché, il y en avait plein sur les étals… Et, du coup, ce Français, qui critiquait les Philippins « qui ne voulaient pas se remuer », n’a pas eu ma clientèle du soir. Et je vais manger du poisson grillé, dans un resto sur pilotis de la baie +++.