30/01/12

La nuit est noire.

Je sens des gouttes de pluie. Ça tambourine sur le capot de la voiture.

Je me rendors, mais, là, ça tombe un peu plus : comme je suis dans le coin sous le vent, je ne suis pas inquiet, je suis plutôt à l’abri, mais mon voisin lui commence à être mouillé, ce qui ne trouble pas son sommeil.

Réveil à 7h, il fait jour, la pluie a cessé. Petit dej au feu de bois. On a la tête ébouriffée,  la paupière ridée et du sable plein les oreilles.

Les Chinois repartent : ils ont eu trop froids et vont manger quelque part à l’abri.

Retour parmi les champignons par à peu près le même itinéraire. Je me chiffonne avec le chauffeur car il me fait une réflexion alors que je lui demande un arrêt photo « don’t waste your time », « ne perdez pas votre temps ». Je râle un bon coup, et après ça va mieux, il fait moins le kéké avec le volant et s’arrête volontiers à la demande…

De retour au Désert Noir, une tempête de vent chargé d’eau et de sable se met à souffler alors que je grimpe une petite colline pour avoir un point de vue. J’ai du mal à me tenir debout sur un sentier tracé dans des éboulis de pierres noires. De là-haut, le paysage est vraiment prenant : des dizaines de montagnes taillées comme des cônes volcaniques, dont on devine que ce ne sont pas des rochers, mais surtout des éboulis de pierres. Les autres sont à l’abri dans la voiture et fument des clopes.

De retour à Bahariya (11h30), la tempête souffle toujours autant. La balade à vélo dans la palmeraie que j’avais envisagée tombe à l’eau. Je change de projet et décide d’aller direct à Dakhla. Je paye 400 au chauffeur, qui semble déçu, dis au revoir à la Canadienne qui elle, décide de retourner au Caire. Économie : 50 EGP de soi-disant droit d’entrée au parc national…

Au guichet de l’arrêt des bus, l’employé emmitouflé dans sa djellaba et son chèche m’indique que le bus pour Dakhla passe à 13h30. Je prends un repas au Popular restaurant, un bouiboui où des gens du coin viennent se régaler de plats de fèves en sauce et de foul. Je commande pareil, et j’ai deux heures d’attente et une prise électrique pour rédiger le blog. On me demande si je suis allemand…

À 13h, le gars de l’excursion entre en trombe dans le restau et m’avertit que le bus vient de passer et que j’ai 10 minutes pour aller le prendre : il me monte dans sa voiture et m’emmène à un deuxième arrêt, au bout du bled… où attend le bus. Finalement ce jeune homme n’a pas si mauvais fond que ça…

Le bus est à moitié plein. La zique donne à fond et j’ai droit à l’intégrale d’Oum Kalsoum. Ça aide à faire passer les paysages de plus en plus monotones : après l’oassis de Farafra, c’est carrément horizontalement plat à l’infini, ocre gris troublé par des levées de vent. La route est bonne et on semble rouler vite. On n’est pas enquiquiné à rouler à 50 dans les agglomérations : il n’y en a pas ! On s’arrête toutefois pour monter ou descendre quelques passagers, accolades avec des parents venus d’on ne sait où avec des mobylettes. Les gens qui montent dès qu’ils m’aperçoivent me font de « Welcome, you German ? » ; « no, Faransi ! » et on me serre la main avec un large sourire…

L’arrivée à Al Kasr, (ou El Qasr), premier bled de l’oasis de Dakhla se fait à la nuit (19h), pratiquement au pied de l’hôtel.

Au rez de chaussée, le tenancier du bar, me voyant débarquer, va dans la rue héler un pote qui est au bistrot d’en face, lequel prend son portable et appelle le patron de l’El Kasr Resthouse … L’hôtel est à l’étage, au-dessus du bar ; il s’agit de quatre pièces réparties autour d’un salon avec wc et sdb communes. Le tout est plus que vieillot et les serrures ont disparu des portes : « un touriste les a prises… » m’annonce Mohammed, joyeux patron de l’établissement. Il me commande un repas et quand je sors de la douche (eau chaude venant de la source !), il est prêt, sur la table de la petite terrasse ! La chambre coûte la modique somme de 35 EGP. Le patron bavarde un peu avec moi pendant que je mange, mais il est aussi beaucoup accaparé par son portable… Il m’annonce que dans la région, ce sont les élections et que le résultat c’est ce soir. Il ne semble pas ravi quand les voitures du vainqueur passent bruyamment dans la rue… Mohhamed est un artiste qui s’ignore : sur le livre d’or bien rempli de compliments, il a dessiné un billet de 100 EGP – on s’y tromperait.

Les derniers visiteurs, un couple, ont laissé ce message : « Accueil du merveilleux et accueillant Mohammed, c’était un plaisir d’être ici sur notre itinéraire en vélo vers Le Cap »…

Dodo dans ma grande chambre à trois lits deux places…Quelques moustiques me tiennent compagnie.

À propos du  DESERT BLANC

Il doit être possible de faire cette excursion sous forme de trek.

Il faut se faire déposer par un bus venant de Bahariya (Bawiti), ou venant de Farafra à 40 Km de cette dernière ville, là où  il y a un panneau « Farafra 40Km ». En face (à l’Est) il y a la « main entrance » : départ des pistes de 4×4.

Il est évident que, vu les conditions extrêmes de ce désert, des précautions élémentaires sont à prendre : être à plusieurs, avoir un GPS équipé de bonnes batteries, avoir des bouteilles d’eau, de la nourriture, du matériel pour bivouaquer, des chaussures de randonnée, des lunettes de soleil, une lampe torche, un téléphone portable (y a du rézo !), etc.

Des choses intéressantes sont à voir à l’Ouest de la route, à la même latitude. Il faut prévoir une journée de plus.

Remarques importantes : les pistes utilisées par les 4×4 ont accumulé du sable fin. Il est difficile de marcher dessus. Il faut donc utiliser un itinéraire parallèle (ou autre). Pareillement, les zones de dune/sable ralentissent considérablement l’allure. En conséquence, ne pas prévoir d’étapes trop importantes. Le soleil se couchant vers 17h45, il fait nuit à 18h15 ! Enfin, pour le bivouac, prévoir un endroit protégé et des bandes réflectorisantes pour vous signaler : il y a des crétins en 4×4 qui roulent à fond pour le fun …

Pour le retour, il faudra être patient pour attraper un bus : on peut tenter le stop au check point sud.