28/01/2014
Debout avant le réveil… Bonne surprise : hier soir je croyais qu’il n’y avait pas d’eau chaude, or ce matin, elle y est ! De plus, comme il n’y a pas de bouilloire dans cette piaule, la patronne m’a donné hier une grande bouteille thermos d’eau bouillante, et ce matin, cette eau est encore bien chaude pour mon café !
Comme j’ai un peu de temps avant de prendre le bus (8h50), je range mes bricoles et surtout mon porte-monnaie : j’ai des billets dans tous les sens ! Il y a les Yuan : 100, 50, pour les courses, les bus et les hôtels ; 20, 10 pour les petits restaus, 5,1 pour les bus de ville. Et il y a les Jiao : c’est la petite monnaie égale à 1/10 Y. Il y a aussi parfois quelques pièces (1Y, 5 et 1J). Dans la pratique, il faut se débrouiller pour avoir plein de 1Y pour les bus de ville qui ne rendent pas la monnaie.
Les prix sont affichés dans les supermarchés, les gares, parfois dans les boutiques, rarement sur les marchés. On a souvent un reçu après avoir payé. Des prix sont affichés dans les hôtels, mais ils sont souvent bidons, et il faut marchander. Dans les hôtels, en plus du prix de la chambre, ils encaissent une caution (50-100Y) qu’ils rendent le lendemain lors du check-out.
Dehors le temps est gris, 21°. Pour le check-out et récupérer ma caution, je dois réveiller la réceptionniste qui dort dans un petit lit aménagé au pied de sa caisse !
Je croyais que le bus pour Ningming 宁明 allait prendre la route sinueuse qui longe la frontière. Mais non ! L’itinéraire est le même qu’à l’aller, mais à l’envers, sur 60km, puis passe par des autoroutes plus à l’est. Ce qui fait qu’on passe deux heures à traîner dans les villes de la côte (60km) à ramasser des gens, et ensuite trois heures les 220 km restants. Le paysage s’anime enfin à partir de Chongsuo : on entre dans la zone des reliefs karstiques, ces formations connues rendues célèbres par la rivière Li à Yangshuo en Chine, mais aussi dans la baie d’A Long au Vietnam, ou encore les îles de Thaïlande ou des Philippines, la Malaisie, etc. Il s’agit d’une formation calcaire qui a été rongée par les pluies tropicales, les marées, les rivières, la végétation et dont l’érosion forment des reliefs accentués et tourmentés, avec force grottes et rivières souterraines. Cette formation couvre une grande partie de l’Asie du sud-est.
Je me renseigne à la gare routière de Ningming sur la suite : je souhaite aller dans les falaises de Huashan花山, et demain voir les chutes de Detian 德天瀑布. Je souhaite aller voir ces falaises de Huashan花山风景名胜区, car il y en a une qui tombe à pic dans la rivière Mingjiang, et les ancêtres des populations locales, il y a 2000 (ou +) y ont peint des centaines de dessins l’aide de pigments rouges. Pour les voir, un seul moyen : remonter la rivière en bateau jusqu’au pied de la falaise. Mais à la gare routière, je ne m’en sors pas avec la guichetière ; heureusement un jeune parlant anglais m’aide, et je comprends 1) qu’il faut aller au centre-ville pour trouver un tuk tuk collectif qui va aux falaises, 2) que pour aller aux chutes, il faut d’abord aller à Daxin puis se débrouiller là-bas. Le jeune me propose de m’accompagner en tuk tuk (il y en a plein qui rôdent autour de la gare routière) jusqu’au point de départ 1) = 4km.
Dans le centre-ville, en pleine frénésie d’achats du nouvel an, on trouve dans l’encombrement chaotique des dizaines de tuk tuk, ceux qui vont aux falaises. Le jeune m’aide à négocier le prix (20Y) avec un gars dont le tuk tuk déjà chargé d’une vieille dame Zhuang (l’ethnie du lieu), d’une petite armoire et d’une table. Puis le jeune s’en retourne en prenant en charge le prix de la course depuis la gare ! Le gars du tuk tuk lui a assuré que là où il m’emmène, il y a un petit hôtel et de quoi manger.
La route pour aller aux falaises passe par la gare, par une cimenterie, puis, devenue une piste poussiéreuse, longe les falaises sur une dizaine de kilomètres vers le nord. Beaucoup de champs de canne qui sont en pleine récolte. De gros camions ramassent la récolte déposée sur le bord de la piste.
On arrive à un hameau, et là le chauffeur parlemente avec un gars. Je voudrais bien comprendre, et surtout voir où peut être cet hôtel… Arrivent deux jeunes filles et deux jeunes garçons. Les filles parlent un peu anglais. Elles rigolent tout le temps ! Ça doit être leur premier exercice pratique !!
Je finis par comprendre, que l’hôtel du parc national est fermé (en vacances !), et que la course en bateau va me coûter 200Y pour une heure ! Bouleversement de mes plans. Déjà, je négocie le prix et j’arrive, grâce aux filles à 150Y ; quant au tuk tuk, il me réclame 60Y de plus pour me ramener à Ningming, vu que je suis seul au retour ! Ça sent l’arnaque, mais…
On va pour prendre le bateau. Comme j’ai loué LE bateau entier, je propose aux jeunes de m’accompagner ce qu’ils acceptent avec enthousiasme ! On remonte la rivière, large et calme, encaissée entre les falaises, les rives envahies par les bambous, et, entre les méandres, les champs de canne. On croise des paysans-pêcheurs qui pagayent sur des radeaux de bambous. Paysage bucolique si ce n’est le vacarme du moteur hors-bord accroché sur cette coque en plastique qui nous sert d’esquif. On a le vent dans les cheveux, tout le monde est à la joie. Les jeunes ont pris mille fois leur mobile pour se prendre en photo.
Arrivés au pied de la fameuse falaise, l’enthousiasme est un peu refroidi : la moitié est recouverte par des échafaudages et des toiles vertes : restauration en cours. Heureusement, il reste une bonne moitié tout de même visible. Les dessins qui représentent des êtres humains sont à taille réelle. Scènes de chasse, de fêtes, de rituels ? Difficile de savoir. Beaucoup de dessins non figuratifs : symboles, écriture ?? Déjà un problème pratique se pose : comment les personnes de cette époque ont-ils pu peindre cela si haut perché dans la falaise, et au-dessus de l’eau ?
Le conducteur du bateau donne quelques explications aux jeunes : c’est la première fois qu’ils viennent ici alors qu’ils habitent Ningming, à 20km…
Au retour, les jeunes sont vraiment contents de cette aventure et me remercient.
Retour dans la poussière à Ningming. Les jeunes ne me lâchent plus : ils suivent le tuk tuk en scooter car, une fois en ville, ils veulent m’aider à trouver un hôtel pas cher.
Après plusieurs tentatives (un vraiment trop cher, et un autre à 30Y!), on trouve, pas loin du marché, le best one : une chambre à 100Y, 5x8m, lit 2x2m, sdb, air cond, wifi, ordi, télé, plante verte (en plastic…). Les jeunes montent ma valise et font des « ouahhh » en voyant l’espace et le confort de la chambre. À vrai dire, je suis aussi assez épaté.
On se sépare chaleureusement, allez ! encore une dernière photo…
La nuit tombe, je fais un petit tour en ville : les trottoirs qui étaient encombrés d’étals, sont rapidement libérés et nettoyés pour céder la place aux petits restaus de rue. Je m’installe à une table après avoir commandé un plat de nouilles au bœuf. C’est prêt en cinq minutes, dans les grandes flammes du wok.