17/02/12
Nuit calme. Réveil par le téléphone à 6h : le bateau repartant à 8h30, il nous reste peu de temps pour nous préparer, déjeuner et visiter le site. On choisit de déjeuner en revenant.
À la sortie du bateau, une armée de calèches (au moins une cinquantaine) attendent sur le quai, et on se sent bien seuls (les groupes ne sont pas encore levés…). L’orteil du pied droit à peine posé sur le quai, voilà qu’une dizaine de conducteurs de calèche hurlent dans nos oreilles ! Il y a un peu plus d’un kilomètre à faire pour aller sur le site à travers les rues d’un petit bourg. On se met difficilement d’accord sur un prix (30 EGP) ce qui est déjà largement au-dessus du prix indiqué par le guide LP. Une bagarre se déclenche entre les conducteurs tandis que nous partons vers le temple. Il y a même un couteau qui sort d’une djellaba. On est complètement stressés. Nos voisins qui sont sortis du bateau un peu plus tard, connaissent le même épisode pénible.
On arrive au temple, chargés d’adrénaline.
Heureusement, on parvient à se détendre : le site est si grandiose et si bien conservé qu’on en oublie rapidement nos petits malheurs.
Les sculptures en bas-relief, autrefois peintes, couvrent tous les murs des multiples enceintes du temple et du portique d’entrée, haut de trente-six mètres. D’énormes colonnes se dressent comme une forêt, soutenant un plafond constitué d’une centaine de dalles pesant au moins dix tonnes chacune. Le temple forme ainsi une grotte au fond de laquelle se dresse un autel en granit et une barque des morts. Pleins de petites chapelles annexes, toutes pareillement décorées. Difficile de distinguer les dessins de représentations de scènes de ceux servant à l’écriture d’un texte… On a oublié notre Petit Champolion Assimil ! Le soleil levant nous procure un peu de chaleur et surtout une belle lumière rasante soulignant les reliefs et les volumes.
La page https://fr.wikipedia.org/wiki/Divinit%C3%A9s_%C3%A9gyptiennes est à mettre dans vos favoris ! Elle peut être utile pour faire le point et raviver vos connaissances !
Au retour, le conducteur tente de nous faire croire que le prix convenu était seulement celui de l’aller. Mais ça ne marche pas. Encore une engueulade qui ternit cette équipée.
Bien sûr, pour éviter cela, on aurait pu aller à pied, mais les horaires imposés par le bateau font qu’on est contraint d’effectuer ce trajet en calèche, malgré que ce ne soit pas notre truc…
De retour au bateau, on voit les groupes attablés pour le petit dej, les assiettes remplies de pyramides de toasts, gâteaux, fromages, omelettes, etc… De ces groupes, personne ne descendra visiter les sites, à l’exception de leur guide et de la plus jeune participante, lesquels profitent de l’escale pour se rouler des pelles, à l’abri des regards derrière les énormes colonnes du temple.
Le reste de la matinée : descente du Nil bordé de chaque côté par une étroite bande de terres cultivées : riz, bananiers, canne à sucre, palmiers dattiers, légumes etc… Des fellahs grattent la terre avec des outils manuels. De grosses pompes à eau, installées sur des pontons flottants, alimentent les canaux d’irrigation ou les châteaux d’eau. Les falaises de grès pelées, toutes proches, barrent l’horizon.
Le Nil, lui, est très large, quasiment sans courant. Un vent froid venant du nord rend la terrasse inhospitalière, mais les Danois, qui en ont vu d’autres au bord de la Baltique, n’en ont cure et somnolent sur les transats.
Écluse d’Esna. C’est une épreuve.
Non pas pour le bateau, mais pour le spectacle affligeant qui s’y déroule : alors que le bateau manœuvre et se place dans le bief, des Égyptiens depuis les quais tentent de placer des serviettes, des nappes, tee-shirts et autres auprès des (rares) potentiels clients accoudés à la rampe de la terrasse. Ils jettent vers nous leurs marchandises emballées dans des sachets dont certaines atterrissent dans la piscine ; mais personne n’en veut. Alors les touristes leur renvoient par-dessus bord. Et les autres les re-balancent sur la terrasse. Comme ça amuse beaucoup les touristes, un jeu s’installe pendant le temps de la descente du bateau, mais personne n’achète rien au grand dépit des marchands… qui bien sûr ne sont pas contents, ce qu’ils expriment par des cris et des gestes dépourvus d’ambiguïté.
Le vent frais venant du nord nous oblige à nous réfugier dans notre cabine : ça tombe bien, il faut étudier ce qu’il y a à voir à Louxor, et mettre sur pied un « programme » pour les trois jours qui viennent. Mais c’est la prise de tête en étudiant les deux guides (LP et Routard) pour comprendre la configuration des lieux, l’intérêt des différents sites (il y en a plus d’une trentaine), les prix, la localisation des différentes billetteries…Bref on y passe plus d’une heure !
L’arrivée à Louxor se fait vers 16h juste devant le Winter Hôtel. On est accolé à cinq bateaux déjà à quai et visiblement au chômage technique.
Un gars de l’hôtel (celui qu’on avait réservé pour le lendemain en même temps que le bateau) monte à bord et nous fait demander par téléphone ; il vient nous voir pour nous informer de la suite des évènements. Discussion interminable pour lui faire accepter qu’on ne souhaite rien d’autre que l’hôtel. Et on lui donne RV, un peu sèchement, pour demain à 9h.
Brève promenade dans Louxor avant la tombée de la nuit pour faire du repérage. Le temple d’Amon est à deux pas en plein milieu de la ville et est prometteur vu ce qu’on en voit depuis les grilles qui le cernent. L’embarcadère du public ferry est juste en face, et on va y voir pour savoir combien le citoyen d’ici paye pour la traversée : 0,50 EGP. Mais le guichetier nous précise que c’est 1 EGP pour les étrangers.
Traversée rapide du souk pour touristes, où ces derniers sont cent fois moins nombreux que les vendeurs. Un petit tour à l’office du tourisme où on est obligé d’aller chercher l’employé qui est en train de dormir quelque part (il arrive en se frottant les yeux bouffis). On repart sans nos renseignements, il n’y a même pas un plan de la ville ! Enfin, un saut au DAB pour « acheter » des sous.
Retour au bateau : on vide une nouvelle bouteille avec nos voisins qui ont trouvé de délicieuses pâtisseries en ville. Repas pantagruélique. Pendant ce temps, les employés au ménage du bateau ont fabriqué avec la télécommande de la télé, les serviettes et le couvre-lit un magnifique crocodile !