12/01/2008

Hier soir, à la télé, sur une des 50 chaines, on passait les Choristes en version originale sous-titrée chinois. Il y avait sur les autres chaines des films historiques : sur les périodes impériales, la guerre avec les Japonais, la période des gardes rouges (ou ce sont eux les méchants), quelques films policiers, des films « nous deux », plusieurs chaines d’infos, dont une sur le foot, des conférences et des congrès où l’on ne voit que des hommes, des jeux et de la variété. Aucune chaine étrangère.

Dans le métro, ce matin, toujours les pubs à la télé, cette fois sur l’avenir radieux dans les appartements tout neufs que les Cantonnais peuvent désormais acheter, et l’ambiance chaleureuse à la maison au retour du mari, accueilli par sa femme survoltée, lui enlevant précipitamment chemise, pantalon, et caleçon… pour s’empresser de mettre tout ça à la machine à laver Siemens (mince alors, se dit le mari). En suivant, une pub sur le port des préservatifs très judicieusement évoqué par des pièces de puzzles qui s’emboitent.

Dans la rue, parmi les magasins, beaucoup d’agences immobilières. Je suis incapable de dire les prix. Je traverse un grand pont en fer, longe le quai de la Rivière des Perles (rester dans l’imaginaire…) ; c’est samedi, les enfants sortent les papys, les mamys, parfois il a des rassemblements de chaises roulantes… On sort aussi les oiseaux, ou on tente sa chance en pêchant dans la rivière, quelques vendeurs de tout et de rien, dont un, précisons, trimballe des bonzaïs sur son vélo. Une section militaire arpente le pavé.

Traversée d’un autre pont pour rejoindre l’ile Shamian, l’ancienne concession franco-britannique (de laquelle Tintin a eu tant de mal à sortir dans le Lotus Bleu). C’est dans cette ile, plutôt tranquille et ombragée, que les Occidentaux viennent chercher (acheter ?) les enfants chinois à adopter. Il y a là un institut pour ça et plein de magasins proposant landaus, couches, habits, etc. Il y a quelques couples d’occidentaux avec des enfants sur les épaules.

Pas loin de là, il y a le marché de la rue Qingping dont il ne reste plus grand chose : avant on pouvait voir les chiens destinés à être mangés. Il y a toujours des chiens à vendre, mais ce sont des chiens de compagnie. Un peu plus loin, dans une ruelle d’un quartier délabré oublié par les promoteurs immobiliers, un autre marché populaire, fruits, légumes, etc., mais aussi on y vend des serpents et des grenouilles vivantes ; une fois le choix du client effectué, le marchand épluche les serpents qui ensuite se tortillent tout nus dans une gamelle, et il fait pareil avec les grenouilles, mais auparavant, il leur coupe les phalanges pour qu’elles ne se carapatent pas…

L’après-midi, je prends un bus pour aller à Foshan 佛山, à 20 km, pour aller voir un très ancien temple taoïste. Sur la route, je ne vois pas d’interruption entre les deux villes. Le temple Zu Miao (le temple des ancêtres 祖庙) est à 5 mn du terminus, engoncé dans un ensemble d’immeubles imposants et récents, munis de tous les attributs de la modernité (mac do, marques, électronique, …). Il y a un petit square, à l’abri du bruit sous de grands arbres, où des gens viennent se faire tirer la peau du visage par des masseuses, d’autres jouent aux cartes ou au majong.

Dans le temple, où on admire les magnifiques décors composés par des figurines en porcelaines, il y a un spectacle de danse du lion : deux garçons cachés dans un costume de lion aux grands yeux évoluent sur des piquets à deux mètres du sol, sautant de l’un a l’autre, tout en restant en phase. Les enfants sont ravis et se font photographier devant le lion qui leur accorde quelques caresses. A l’intérieur du temple, un père apprend à sa famille les gestes pour honorer les esprits devant une urne contenant des bâtons d’encens. Les jeunes ont du mal à se concentrer… Dehors, dans un bassin, les tortues chevauchent les poissons pour avoir un peu d’air.

Je retourne à la gare routière car le reste de la ville offre peu d’intérêt, hormis celui de voir les gens se retourner pour me voir passer : il ne doit pas y avoir souvent de touristes ici. De retour à Canton, je fais le tour du quartier de la gare pour essayer de retrouver l’hôtel où j’étais il y a quatre ans, mais je ne le retrouve pas. Démoli ? Défaut de mémoire ? Je retrouve le quartier mais il n’y a que des constructions récentes et l’autoroute, en construction à l’époque, charrie des milliers de véhicules. Je tombe successivement sur le quartier africain (!), sur le quartier des tissus, celui du cuir, puis des montres (à six heures un haut-parleur imite le bourdon de Big Ben), et enfin des chaussures. On a beau être samedi, c’est noir de monde, des chariots trimbalant des montagnes de cartons, des camions chargeant /déchargeant, un vacarme de Klaxons et de roulement de sifflets, et la couche de gaz d’échappement ayant rejoint la couche d’ozone…

Retour à la gare où je mange dans un resto une entrée originale : de la peau de poisson en gelée, et, plus classique, du poulet et des patates douces en cubes frits.