03/02/12
Grasse mat. Tout de même réveillé par le haut-parleur de la mosquée voisine vers cinq heures du mat. Mais finalement, c’est agréable de se rendormir et de traînasser au lit.
Petit dej perso dans la chambre. Je regarde la télé. Cinq chaînes : deux films violents, un film « d’amour », une émission de chansons, un match de foot. Rien sur l’actualité. J’ai appris sur Internet qu’il y a eu une catastrophe dans un stade de foot de Port Saïd (+70 morts) et que des manifestations monstres ont eu lieu au Caire pour protester contre l’inaction de la police et de l’armée dont c’est pourtant le rôle d’assurer la sécurité, y compris dans les stades. On va voir ce soir : c’est habituellement le Vendredi après la prière du soir que les choses dégénèrent. En attendant, ici à Hurghada, il n’en paraît rien. Quelques patrouilles de soldats déambulent sur la Sharia Sheraton, la grande avenue de Sigala, les yeux exorbités, vissés sur les fesses rebondissantes des filles russes qui s’évertuent à les serrer dans des minishorts moulants. Ici, c’est plutôt ça qui risque de faire monter leur tension que d’éventuels manifestants…
L’ascenseur de l’hôtel est délicat à utiliser : pour s’arrêter au 3ème, il faut appuyer sur 4 puis appuyer le bouton stop entre le 2 et le 3… De tous les ascenseurs que j’ai pris en Egypte, il n’y en a pas un qui fonctionne normalement !
Dans la rue, toutes les trente secondes un taxi s’arrête pour vous héler. La plupart des grands taxis dont le désert est la destination, sont des 504 Peugeot Break 4×4 toujours bien portants. Au Maroc, ce sont les Mercedes 230, les grands taxis ; ici ce sont les vieilles Peugeot. Dans les années 70, on savait construire robuste en Europe.
En sortant de l’hôtel, je prends une petite rue pour rejoindre la mer et sa petite plage « publique » ; la petite rue est défoncée par les engins de construction, une zone de gravats et de déblais, bidons rouillés et ordures… L’entrée de la plage est payante : 15 EGP ! pour deux cents mètres de sable coincés entre deux énormes constructions d’hôtels inachevées. Quelques parasols, des transats et des grosses femmes russes se rôtissant les rondeurs généreuses sous un pâle soleil et sous l’œil avide des gardiens… Au large de la mer d’un bleu profond, des yachts se bercent en attendant d’hypothétiques riches clients, amateurs de plongée sous-marine. À l’horizon, une île, aussi pelée que le désert, et tout au loin, dans la brume, le Sinaï.
Je mets tout de même un doigt dans la mer (froide, à mon goût – d’ailleurs personne ici ne se baigne), histoire de dire que je m’y suis baigné… ! Je me demande encore ce que les Russes peuvent trouver ici de si attirant au point de venir par charters entiers.
Je vais réserver mon billet pour le ferry de demain (250 EGP la traversée) en espérant qu’il n’y a pas d’arnaque, car au bureau de la Thomas Cook ils m’ont affirmé qu’il n’y a plus de ferries.
Promenade le long de la « corniche », la route qui va de Sigala à Ad- Dahar, le quartier nord d’Hurghada. Je passe devant une mosquée : sur le mur, une étagère avec des casiers en différentes langues. On offre aux passants des CD dans leur langue pour expliquer l’islam. Prosélytisme moderne ! J’en prends un.
La corniche est une succession d’hôtels de luxe, de carcasses d’hôtels de luxe inachevées, de no man’s land remplis de gravats, et de postes militaires. Le cocktail est assez désastreux. La seule plage non payante est une plage qui fut payante, mais vu la crise, a été laissée à l’abandon, et du coup est en accès libre : une famille d’Égyptiens s’y baigne.
Quelques hôtels destinés à la clientèle des pays du Golfe.
Ad-Dahar est vide de touristes, les magasins sont ouverts, mais le moral n’y est pas. De retour à Sigala, je me laisse tenter par un marchand de poissons grillés : il faut le choisir dans sa glace, sur le présentoir des poissons frais, et attendre un quart d’heure qu’il rôtisse. Pendant ce temps, je bois un café au bistro d’en face et tente une discussion avec mes voisins : ils parlent anglais et me commentent la première page du journal. Photos des manifs de la veille, et de l’affaire de Port Saïd. Eux aussi pensent que la police n’a pas fait son boulot et qu’elle est responsable de la panique qui a fait tant de morts.
Retour à l’hôtel pour déposer mon poisson (repas du soir) puis nouvelle promenade, vers le sud cette fois, bien que cette ville n’ait rien de folichon.
Dans la soirée, au cyber café, le patron regarde sur son ordi les évènements au Caire. Une chaîne d’information a placé six cameras sur la place Tahrir et on peut assister en direct à ce qui se passe là-bas. Pareil à l’hôtel où le réceptionniste est lui aussi scotché sur cette chaîne. Et dans plusieurs magasins des gens la regardent aussi. Plus léger : je déguste les premières fraises de la saison. Ce n’est pas de la gariguette, mais elles sont bien bonnes ! Surtout avec du yaourt !