19/02/2010
Nous louons une voiture pour la journée (1500 INR) afin de faire le tour des villages de la région : Nawalgarh, Dundlod, Mandawa, Fathepur, Ramgarh. Départ 8h30, Retour 18h30. Nous avons droit à un chauffeur plutôt renfrogné et un « guide » parlant peu.
Il nous donne quelques explications à propos des gens qu’on voit défiler le long de la route avec des grands drapeaux. Il s’agit de pèlerins qui vont à 90 km de là pour une fête en l’honneur d’Hannuman, le dieu singe.
Quelques explications aussi au sujet de ces curieux arbres aux branches comme des moignons. A chaque saison, on cueille les fruits pour les hommes, on enlève le feuillage pour les animaux et on coupe les branches pour le feu de la cuisine.
A Nawalgarh, au Podar haveli, le gars de la réception (de la famille du fondateur ?) nous offre une brillante présentation de la demeure. Il faut dire qu’elle est parfaitement entretenue, les peintures bien conservées, et des salles proposent des expositions sur différents thèmes : les bijoux, les turbans, les castes représentées par des marionnettes en costume. Dans cette salle, notre présentateur, tout en défendant ardemment le système (« supposons que je sois brahmane… » = de la classe supérieure), nous donne deux images fortes : la première pour illustrer la normalité des castes – « prenons un être humain et regardons la tête » – il met sa main comme s’il allait se couper la gorge « c’est la tête qui dirige le reste du corps, non ? , alors ceux qui ont la connaissance (les prêtres) et ceux qui dirigent sont les brahmanes ! » ; il descend sa main à hauteur de la poitrine, et de son autre bras fait une mimique de boxeur – « les bras sont faits pour combattre, alors les guerriers (la caste des kshatriya) sont sous les brahmanes ». La main descend sous le nombril ( …!) – « ici, c’est là où on nourrit le corps, alors c’est la caste de ceux qui procurent à manger (la caste des vaishya), les paysans, les marchands, les businessmen ! », et enfin d’un geste dégouté, il montre le reste du bas de son corps et dit avec la mimique qu’il se doit –« les autres, les hors castes, bon , (the working class ), ça traine dans la poussière.
Deuxième image forte : à propos du mariage, il n’est pas pour le mariage d’amour (love story) car quand on est jeune, on est malléable et, c’est connu , l’amour rend aveugle. «Supposons que je sois brahmane ( !), et que je me marie avec une fille d’une autre caste. Mes parents ne vont pas l’accepter, ses parents vont me regarder de travers, et nos enfants seront chahutés à l’école ! Ma femme va lorgner sur mon argent, il y aura des bagarres et ça finira par une séparation ! Mais lorsque les parents organisent le mariage, chaque famille vérifie de son côté la caste, la respectabilité et la fortune des partenaires. Alors là, tout baigne !! ». Son explication ne nous a pas tout à fait convaincu, d’autant plus, qu’à un autre moment, il nous explique que son oncle (qui vit à Genève), lorsqu’il vient à Delhi, sa femme ( dont il est séparé) va à Bombay, et lorsqu’il va à Bombay, sa femme s’empresse d’aller à Genève, etc…
Les murs recouverts de peintures représentent un véritable livre illustré, et un témoignage du mode de vie d’il y a deux siècles dans cette région.
Plein d’autres trucs à raconter au sujet de la trinité hindoue (Brahma, Shiva, Vishnou – allez donc sur Wikipédia !) et leurs avatars. Notre présentateur est intarissable et nous en avons déjà oublié 70%…
Les autres étapes ne sont pas aussi denses en cours de recyclage religieux, mais toujours très fournies en spectacles de rues encombrées par des embouteillages de charrettes tirées par des ânes, de 4×4 rutilants et des cars de touristes, en havelis richement décorés ou complètement à l’abandon, en palais de maharajah (à Dundlod), le tout infusant dans une misère crasse, une poussière omniprésente et un vacarme épouvantable. Petite incursion dans une école installée dans un vieil haveli croulant, les enfants montrent à Véro leurs pages d’écriture et leurs additions…
Nous rentrons fourbus et couverts de poussière…