23/02/2014

Encore grasse mat. De toute façon, il pleuviote de la bruine, le ciel est bas, il fait 10°. Autant traîner…

C’est jour de marché à Kaili. Il est situé dans les ruelles au-dessus du tunnel. Vers 10h, les stands sont à peine installés. Sous le vaste kiosque qui fait épicentre du marché, des couples dansent sur des musiques de rock mou, de tango édulcoré et de paso-doble. Sono braillarde et pas terrible. Pas de jeunes…

Dans les ruelles, ventes habituelles s’adressant aux gens venus des campagnes. Mais les gens des campagnes ont aussi des choses à vendre en plus des produits des potagers : ici des feuilles de tabac séchées, là des chiens (dont certains feront des chiens de compagnie, mais les autres…).

Du côté de la gare routière des bus locaux, une petite rue monte vers une colline où se tient un vaste marché aux oiseaux. On sait qu’on est proche, surpris par les pépiements de centaines d’oiseaux ! Quel concert ! Ce marché se tient dans un lieu informel : un sous-bois sans autre aménagement qu’un piètre escalier. Mais de part et d’autre, les vendeurs de cages, les vendeurs d’accessoires, les vendeurs d’asticots et les vendeurs d’oiseaux, occupant de vagues terrasses d’argile, devenues glissantes à cause de la bruine, et la foule des acheteurs, des curieux et des amateurs se pressant malgré la boue. Des groupes commentent les prestations de tel oiseau (plumage, chant ?), et des anciens sont venus là pour montrer fièrement leur artiste à plumes – c’est leur passion. Un public exclusivement masculin …

Les cages en bambou sont recouvertes d’une petite couverture en velours, généralement vert foncé, afin que l’oiseau reste dans l’obscurité. Or il est bien connu que les oiseaux chantent mieux au lever du jour. Alors lorsqu’on veut le faire chanter, il suffit de lever la couverture !…

Le gars du CITS m’avait indiqué un marché du dimanche dans les environs de Kaili, à Guading 挂丁. Mais les bus pour y aller ne partent pas de la gare qui est au pied du marché aux oiseaux. Ils partent depuis un endroit qui est à l’autre bout de la ville…

Arrivé à Guading (un petit village miao), il s’y tient un micromarché. Il s’étale sur le pont de la route principale et par ce fait crée un embouteillage…

Je vois sur la carte que le plus gros village miao de la région et tant vanté par les guides touristiques, Xijiang ( 西江= les quatre rivières), n’est pas très loin. J’entreprends d’y aller à pied, et, si on me prend en stop…

En effet une voiture avec un jeune conducteur s’arrête après quelques kilomètres de marche, pas loin de l’embranchement. Le jeune me raconte des choses que je ne comprends pas, finit par me montrer un beau ticket d’entrée à 100Y et cherche à me le placer. On s’accorde sur 30Y. Et il m’amène sur douze kilomètres après avoir embarqué une grand-mère et sa palanche. Or, juste à un kilomètre du site, le gars fait descendre la grand-mère, appelle des copains qui traînent au bord de la route et recommence une discussion sur le prix : ça passe à 80 Y ! Tout le monde rigole, sauf moi. Ras le bol de ces calculs (j’ai fini par comprendre qu’il voulait 30 Y pour la voiture et 50 Y pour le ticket), je fais l’autiste et sors de la voiture, énervé ! Et entreprends de continuer la route à pied, sous les cris des jeunes qui n’en croient pas leurs yeux.

J’arrive sur un immense parking entouré de bâtiments « typiques ». Quelques gros cars de tourisme y sont garés. On est aussitôt assailli par le vacarme des haut-parleurs à forte sonorisation, éructant tantôt une musique d’accueil, tantôt des injonctions criées au micro : comme je comprends le mot piao, = ticket, je me doute qu’il faut passer par la caisse.

C’est là que le bât blesse et que revient mon énervement. Il faut payer 100Y de droit d’entrée pour visiter ce village. Un coup d’œil au-delà de la barrière de contrôle : il y a encore deux kilomètres à faire au fond d’une vallée étroite, et des voitures électriques sont à disposition ! Des montagnes, des barrières et des murs empêchent tout autre accès ! Un plan du village montre comment on l’a transformé en parc d’attraction pour le tourisme organisé : restaurants, animations folkloriques, danses, chants, boutiques, etc…

Entre tradition et rétro

Des affiches vantent aussi Xijiang la nuit : les lanternes partout, les centaines de toits entourés de guirlandes lumineuses, etc…

Je suis passablement dégoûté…

Et je tourne les talons ! J’ai déjà vu assez de villages de la vraie vie de tous les jours dans mes promenades, pour aller m’amuser à voir les Miao, version édulcorée par l’industrie touristique, à les contempler dans un ghetto (ou un zoo ?) dans lequel on les a enfermés, parce qu’ils ont construit par le passé de belles maisons en bois… Je trouve opportunément un bus transportant quelques locaux et retournant à Kaili.

Tournoi d’échecs

Je traîne dans les rues de Kaili le reste de l’après-midi, et observe que sous le kiosque où l’on dansait ce matin, ce sont les joueurs de cartes et d’échecs qui ont pris le relais !