16/02/2014
Debout tôt. Avec H, on a décidé d’aller à une centaine de km à l’ouest de Kaili où doivent se dérouler deux festivals. Il fait 7°. Il bruine. Ça glisse pour atteindre la gare des bus longues distances.
On change de bus à Fuquan 福泉. Après s’être enfoncés dans le brouillard sur une vingtaine de kilomètres, on se retrouve dans un tout petit village : Xianqiao 仙桥, et en descendant du bus, on se demande comment on va trouver un hôtel dans ce trou. Ce village est censé être notre « camp de base » pour les deux festivals qui sont organisés pas trop loin dans la campagne. M. Wu du CITS avait annoncé à H : 45 mn ou une heure de marche pour les atteindre depuis ce village. On arpente la rue principale de ce village où il n’y a que des magasins, mais pas d’hôtel. On demande à quelqu’un : il n’en connaît pas. À tout hasard, il appelle un copain qui lui indique un endroit où se loger.
Il s’agit d’un petit restau qui dispose de deux chambres en sous-sol. On va pour visiter et là, disons-le : c’est pas terrible. Les lits – si l’on peut dire – sont défoncés, les grosses couettes douteuses, les murs couverts de traces louches, pas de chauffage, pas de salle de bain, même commune, un coin chiotte horrible. Je fais plutôt la tronche, mais H me dit qu’il a vu pire… On prend la chambre – a-t-on le choix ??

On se dirige à pied vers Wangka 王卡 ; des jeunes à qui on demande si c’est loin, disent : une heure ! On suit une piste à flanc de montagne, de rares fermes isolées qui ne respirent pas l’opulence, des terrasses dont beaucoup semblent abandonnées. Un peu de circulation sur cette piste, surtout des motos. Je rumine cette histoire de gourbi qui ne me plaît pas du tout. Au bout de quatre kilomètres, on voit la piste se resserrer, la pente de la montagne se redresser, et rien d’un village dans la perspective !
Un 4×4 suréquipé et poussiéreux, s’arrête et le jeune homme qui le conduit nous invite à monter. Finalement Wangka est à seize kilomètres de Xianqiao ! Et le conducteur nous dit que le festival dans ce village ne dure qu’un jour et qu’il n’y a pas de festival dans l’autre village !! Décidément, les informations apportées par M. Wu ne sont pas très fiables…
Wangka est un micro village perché au bord de gorges étroites et profondes. S’il n’y avait pas ce brouillard persistant, le paysage serait magnifique. Quand on arrive, on est agréablement surpris de voir autant de monde, et surtout autant de femmes en tenue traditionnelle.
Il y a une estrade où se produisent des danses traditionnelles et des chants. Les femmes des hameaux alentours regardent ce spectacle avec attention, reprenant parfois les chants. La plupart des femmes ont mis « l’habit du dimanche » de l’ethnie des Miao petites fleurs (une branche du vaste et confus peuple miao). Cet habit est à dominante bleue, avec, brodés dessus, des motifs géométriques. Elles ont moins de parures en argent que chez les Miao des alentours de Kaili.
Bien sûr les hommes sont au combat de buffles qui se déroule en contrebas du village dans un champ, les terrasses autour servant de gradins !
Une dizaine de stands proposent de la nourriture (des saucisses et des frites…), des jouets, des tissus et de la bimbeloterie.
Notre arrivée captive un peu l’attention. Après une courte présentation au maire (?) du village, qui est assis sur l’un des deux seuls bancs devant l’estrade, on parvient à se faire oublier…
Pendant que H prend des milliers de photos de la fête, je vais faire une promenade sur les terrasses autour du village.
À mon retour (vers 16h30), le gars qui nous avait amené nous retrouve dans la foule qui se disperse, et nous propose de nous ramener. L’aubaine ! Il nous propose même de nous ramener à Fuquan qui est sa destination. Je saute sur l’occasion : je propose à H de reprendre nos bagages laissés au gourbi, et de descendre sur Fuquan. Il est un peu réticent, mais, finalement il se rallie à cette proposition, apprenant que de toute façon, moi je n’irai pas dans ce gourbi, et que lui y resterait seul une journée sans rien à faire, vu que la deuxième journée de festival aura lieu après-demain…
Nous voilà donc à retirer nos sacs du gourbi de Xianqiao et dire adieu aux 25Y que chacun avait payés d’avance…
Sur la route du retour vers Fuquan, le gars nous arrange par téléphone un hôtel pas trop cher (120Y) et nous annonce qu’il nous invite à un repas avec des gens de sa famille. À l’hôtel de Fuquan, qui est très confortable, on prend une chambre chacun (deux grands lits par chambre, 4x6m, sdb, chauffage, des meubles ! etc).
Notre amphitryon nous emmène en voiture à l’autre bout de la ville (qui est tout de même importante) dans un restaurant assez populaire. On nous conduit à l’étage dans une pièce genre salon réservé. On est une bonne dizaine dans cette petite pièce, chauffée par une résistance électrique glissée sous la table ronde. Que des hommes. Notre chauffeur nous précise qu’un des hommes est le « président » (?) de la ville. On le reconnaît facilement, c’est le seul qui a un beau blouson de cuir… Tout le monde est très honoré de notre présence ; commence la distribution des cigarettes, puis des gobelets d’alcool, et la ronde des plats que les serveuses placent avec difficulté sur la table vu le manque de place. Au milieu de la table trône une énorme bassine de bouillon avec plein de lamelles d’agneau. Autour : tofu rissolé, salade de pomme de terre râpées, omelettes à la tomate, porc aux poivrons, de délicieuses nouilles brunes, etc.

Ceux qui assurent le service de l’alcool respectent notre souhait de ne pas en consommer plus d’un demi-gobelet alors qu’eux à la fin du repas en seront à deux, voire trois…
On nous pose quelques questions, et finalement, ces braves gens nous oublient et passent, avec passion et … dans la fumée des cigarettes, à d’autres sujets de conversation, à vrai dire, un peu difficile à suivre…
Fin du repas vers 20h30. Notre chauffeur nous ramène à l’hôtel et s’arrange avec H pour la suite du programme. Quant à moi, je décide de revenir dès demain sur la région de Kaili, ce qui déçoit un peu notre ami chauffeur…