24/02/2014
Je traîne dans ma chambre car mon train est à 10h46. Il bruine, la température est remontée à 12°, mais ça ne se ressent pas du fait de l’humidité. Le wagon 18 du train K110 est bondé et sale, avec des détritus partout. Une partie des gens ont dû dormir dedans, le train venant de Kunming ; le chef wagon est dépassé et est incapable de s’imposer : ça crie, ça fume, et il fait une mine d’enterrement. De plus, il y a des gens sans place, debout dans l’allée centrale ou carrément couchés sur l’évier du coin toilette… Je me fais tout de même ma place au siège N°11.
Je prends un hôtel presque en face de la gare de Zhenyuan : 100Y belle pièce, sdb, chauffage ; le sympathique gars de l’hôtel m’installe un relais wifi carrément dans ma chambre !
Zhenyuan 镇远 est une ville installée sur plusieurs kilomètres au fond d’un canyon créé par la rivière Wuyang. C’était un point de passage stratégique, aussi bien par les eaux que par la terre. Ce qui fait qu’elle a été fortifiée (il n’en reste pas grand-chose) et qu’elle était prospère grâce au commerce. À un moment de l’histoire de la Chine (avant que les Miao aient été repoussés dans les montagnes), c’était une ville frontière. Le Yunnan et le Guizhou étaient encore sous influence birmane. Le vieux pont Wuxi témoigne, grâce à une stèle, de la rencontre ici des plénipotentiaires des deux puissances.
Il y a d’autres témoignages du passé dans cette ville : tout un vieux quartier (la rive opposée au chemin de fer et vers le nord) où de vieilles demeures recèlent des trésors d’architecture d’intérieur et de mobilier ancien. Dans l’une d’elles, dans le quartier perché au pied de la falaise, un vieux couple me fait visiter leur intérieur. Quel dénuement : du papier journal sert de papier-peint sur les murs, les fils électriques pendouillent de partout, la cuisine est noire de suie et il faut aller chercher l’eau à la fontaine, mais ils ont réussi à préserver les tables, les chaises, les placards, le lit, tels qu’ils étaient, il y a des siècles.
Dans le quartier touristique, dans la rue parallèle à la rivière, il y aussi de belles demeures, transformées en hôtels ou en musées. Mais cette partie de la ville est dans l’ensemble une reconstitution de ce qu’elle pouvait être dans le passé.
Chaque rive de la ville est traversée par une seule rue, suivant les contours de la rivière. Or, il y a des travaux de voirie dans ces deux rues, ce qui fait que la circulation y est quasiment impossible. Tout est envahi par la boue ; les pelleteuses et autres engins font un vacarme épouvantable.

Petite promenade à l’assaut des falaises pour avoir un point de vue : mais j’abandonne vite car l’escalier de pierre est glissant et il est déjà 5h. Le ciel est tellement bas qu’on se croirait déjà au crépuscule.
nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo.