29/01/12
Debout tôt (6h) ce matin pour attraper le bus pour Bahariya, oasis à 350 km au sud-ouest du Caire. À la gare des bus de Cairo Gateway, c’est plutôt calme pour une gare routière. Le bus est déjà au quai 54, mais il faut attendre sagement assis dans le hall d’attente. Arrivent en avance comme moi plusieurs routards : Coréens, Chinois, une Canadienne ; les Égyptiens arrivent à la dernière minute, une famille arrivant même après le départ ! Leur taxi nous a rattrapé heureusement juste à l’entrée de l’autoroute : transfert bébé + bagages au milieu d’un embouteillage… Dans le bus, chacun a sa place numérotée, mais les touristes s’égarent, ne comprenant pas les chiffres arabes marqués sur les sièges (et qui n’ont rien à voir avec ceux qu’on utilise en France).
On met une heure et demie pour traverser l’agglomération du Caire : embouteillages… Ce qui laisse le temps d’apercevoir les pyramides dans la brume, derrière la barre de HLM qui borde l’autoroute…
Le désert commence dès la dernière maison de l’agglomération cairote: étendues infinies de rocailles ensablées. Lorsque on prend la route de Bahariya, la route devient normale et à faible circulation, surtout des camions. Le paysage n’est pas très gai, le bord de la route servant de décharge pour les entrepreneurs de construction. Ça s’arrange avec l’éloignement du Caire.
Arrêt pipi au bout de deux heures, dans une cafeteria au milieu de rien. Une dépendance sert de garage : les camions font leur vidange, l’huile noire dégoulinant à même le sable du parking.
Un passager du bus, un jeune à l’air sympathique, entreprend ma voisine (la Canadienne anglophone) pour lui proposer de partager le safari dans le Désert Blanc avec les Chinois. Discussion sur le prix et les conditions, il présente sa carte d’organisateur. Il annonce un circuit tout compris deux jours + une nuit pour 350 EGP. Pareil pour moi. On hésite, mais… Au fur à mesure qu’on approche du but, l’offre devient plus précise : départ en descendant du car et retour le lendemain vers midi. La Canadienne observe que ça ne fait pas deux jours mais à peine 24h… Le gars nous propose alors : « j’ai une voiture pour vous deux, 400 + 50 l’entrée du Parc National ». Après consultation, la Canadienne accepte, puis moi aussi, mais plutôt méfiant….
Pendant ce temps, le désert s’est « désertifié » : montagne arides, plateaux dénudés, et en parallèle le long de la route une voie ferrée avec des mini gares en rase campagne…Puis la route longe l’oasis de Bahariya. Les palmiers, les maisons cubiques de parpaing sont couverts de poussière. Arrêts dans plusieurs villages.
Arrivés à Bawiti (13h), le gars nous prend en charge, nous fait monter dans un beau 4×4 tout neuf (il avait tout fait préparer par mobile). Un arrêt pour acheter du poulet, et hop en route.
On traverse le Désert Noir à toute vitesse, les photos seront pour le retour. On fait 120 km vers le sud à une vitesse record : la route est droite et il ne semble pas y avoir de limite de vitesse… Le MP3 est branché et diffuse de la musique lancinante, plaintive, proche des appels de muezzin ; le gars semble adorer, la Canadienne s’endort. Le ciel est assez sombre et quelques gouttes suffisent pour salir le pare-brise, justifiant les seuls arrêts pour le nettoyer.
Crystal Montain est un site géologique intéressant : des concrétions calcaires ont transformé les falaises en géodes de calcite géantes, et des formes ressemblant à des stalactites portent des milliers de cristaux cubiques.
Après avoir franchi des plateaux infinis, passé plusieurs check point (le gars donne quelques billets aux gardes), on s’engage vers l’est dans des pistes sablonneuses. Elles sont bordées de cailloux blancs, tel le petit Poucet. Il y a même des flèches d’itinéraires !
Le paysage est très particulier : l’érosion éolienne a découpé dans les couches de calcaire et de grès, de différentes duretés, des formations tout à fait originales. Ainsi, on découvre des forêts de « champignons », puis on devine des formes d’animaux, de chimères, de monstres, etc.. À d’autres endroits, une multitude de dômes, ailleurs des « vagues » de calcaire blanc comme déferlant sur des plages de sable. Et surtout, en se penchant à peine, on trouve des fossiles de coquillages…
Je suis un peu mécontent car on court un peu d’un site à l’autre, le guide affectant de faire des figures dans le sable en dérapant avec son 4×4, pour nous impressionner. Mais on n’est pas là pour un Paris – Dakar, mais pour visiter tranquillement un site de toute beauté.
Il choisit son campement pas trop loin de celui des Chinois : il déploie une toile richement décorée qu’il appuie contre la voiture et tenue par des piliers enfoncés dans le sable, le tout arrimé à l’aide de grosses cordes. Pendant qu’il installe notre camp, j’en profite pour faire un tour dans les formations calcaires, calmement, une petite heure avant la tombée de la nuit. Paysage grandiose, ombres magiques des rochers bizarres aux rares rayons du soleil couchant, sur un fond de gros nuages noirs. Pas de plantes, pas d’oiseaux, rien que du minéral étrange.
Au retour, des tapis sont posés à même le sable avec des matelas et des couvertures. Notre guide prépare le repas autour d’un feu. C’est très cosy. La Canadienne, qui était restée à l’abri dans la voiture à cause du vent, m’annonce que le gars n’est pas content, car celui qui lui a préparé la voiture a oublié d’y mettre les tentes : c’est donc nuit à la belle étoile ! Le problème, c’est le ciel couvert, et il y a du vent. Elle décide qu’elle ira dormir dans la voiture. Moi, je préfère les tapis du salon en plein air. Le repas se fait à la lumière d’un lampion branché sur la batterie : riz pilaf, potée de légumes, poulet rôti, fruits, boissons hyper sucrées. Un fennec rôde autour du campement, attiré par l’odeur du poulet.
Après le repas fait allongés sur les matelas, on va rejoindre la veillée que font les Chinois (ils sont de Chong Qin, un couple plus deux filles) : ambiance chaleureuse. On rigole bien et ils nous racontent leur excursion mouvementée au Mont Sinaï : ils ont crevé de froid ! Safari photo et lampe de poche avec les fennecs qui rôdent tout autour de nous et même viennent boire dans les verres d’eau !