24/02/12
Dernière journée au Caire. On a décidé avec les voisins (qui sont arrivés la veille de Louxor par un train de nuit) de se réveiller tôt pour visiter le marché aux chameaux de Birqash, à 35km au NW du Caire. À 7h30, on est dans la rue de l’hôtel, habituellement noires de monde jusqu’à minuit, et à présent déserte, pour héler les rares taxis. Un beau taxi avec un vieux chauffeur est intéressé mais il ne comprend rien à ce qu’on raconte. Il arrête des voitures, des passants. On tombe enfin sur un gars qui parle anglais et qui nous aide à indiquer l’endroit où on veut aller et à négocier le prix (150 EGP la demi-journée).
Le gars ne connaît pas cet endroit et est obligé de s’arrêter toutes les cinq minutes pour demander son chemin. On traverse des banlieues ni commencées ni finies, sur des routes empierrées et poussiéreuses, on traverse des campagnes verdoyantes, on fait des retours en arrière, on finit par suivre une camionnette qui, ça tombe bien, y va ! Bref au bout d’une heure et demie, on arrive dans un terrain vague à la limite du désert. Des camionnettes sont garées à la fourche, des chameaux assis attendent. Une odeur nauséabonde nous saute à la figure : à quelques pas de là, on s’est débarrassé de cadavres de chameaux crevés ! Bienvenue au marché des chameaux !
Ce marché se tient dans une vaste enceinte et une fois franchie le portail (les touristes doivent débourser 25 EGP et 20 pour leur caméra…), on découvre des centaines de chameaux, rassemblés par petits groupes. Ils sont entravés, la jambe gauche pliée et ligotée. Tout de suite, on ressent une ambiance nerveuse et violente. Les chameaux bavent de peur et leurs gardiens ne sont pas avares de coups. Ils ont des bâtons et s’en servent brutalement. La vente aux enchères rassemble des acheteurs autour des maquignons et les chameaux sont amenés un à un devant le groupe à coups de bâton ; pour montrer la vivacité des bêtes, un gardien les fait réagir en les bourrant de coups dans les parties sensibles… Les malheureux chameaux, l’œil gonflé de frayeur sautillent en poussant des cris rauques. Poussières, sueur, crottes et purin.
Le public est composé de paysans venus du fond de la campagne : turban et djellaba. Une fois achetés, les chameaux sont chargés et entassés sur les camionnettes, la tête arrimée aux ridelles avec de la corde.
On est loin de la vision de G. Flaubert (Correspondances) : « Une des plus belles choses, c’est le chameau. Je ne me lasse pas de voir passer cet étrange animal qui sautille comme un dindon, et balance son cul comme un cygne »…
Le chemin du retour au centre-ville semble aussi compliqué que l’aller… On est de retour à 11h30. Le gars du taxi nous réclame un complément de 50 EGP… qu’on lui accorde…
Déjeuner chez Gad et après-midi dans les rues commerçantes. Véronique ne trouve pas de chaussures à son pied !
On termine la journée et notre périple en Égypte par un apéro dans la chambre des voisins.