20/02/2014

Dès 7h, concert de klaxons des bus en partance. Ils sont garés au pied de l’hôtel. Les chauffeurs des coins reculés de la campagne éprouvent le besoin de klaxonner une demi-heure avant leur départ, puis toutes les cinq minutes, et une fois partis, ils remontent la rue au pas de l’escargot et continuent leur concert jusqu’à la sortie du bled ! Mon bus part à 8h.

Je suis en bas de l’hôtel à 7h45, pour les formalités de sortie (et récupérer ma caution…), mais tout est bouclé à la réception ! Quelqu’un vient tout de même ouvrir le magasin du rez de chaussée à 8h pile. La vendeuse me rembourse ma caution sans soucis… Le car part à l’heure, mais au bout de quelques kilomètres, l’aide chauffeur reçoit un coup de fil d’une famille qui a loupé le bus ! On attend donc au bord de la route un bon quart d’heure…

Il fait froid (4°), on est en plein brouillard. La route monte et finalement, on est au-dessus de la nappe et un beau soleil apparaît, éclairant d’une couleur chaleureuse les villages en bois, les petits ponts et les modestes tours du tambour, et les terrasses, ici déjà verdoyantes.

Après deux heures de route, le car me dépose à un embranchement et il reste quelques km pour rejoindre Zhaoxing 肇兴, que je fais en minivan en compagnie d’une famille.

Le minivan me dépose sur une vaste esplanade/parking : c’est l’entrée d’un parc (d’attraction ?) dont le thème sont les Dong : pont du vent et de la pluie tout neuf, lac avec roues à aubes pour ne rien arroser, chaumières avec bouquets d’épis de maïs pendus aux balcons, troupes d’artistes pour des représentations non-stop… Les cars de touristes chinois ne sont pas encore là, mais quelques-uns, à peine descendus de voiture se font déjà prendre en photo devant ce beau pont …

Je suis un peu amer devant un tel « aménagement » de la vie locale, après avoir vu de beaux, mais peut-être trop modestes villages. Alors j’arpente un peu désabusé la grande rue principale bordée de magasins pour touristes.

Mais au détour des ruelles et des bords de rivière, je me rends compte qu’il existe bien un vrai village dong et que là les ponts et les tours du tambour sont bien authentiques, que les gens y vivent leur vie quotidienne sans tenir compte des touristes qui eux se cantonnent à la grande rue à tripoter les bibelots souvenirs en plastique. Le village est bien préservé, c’est déjà ça, nonobstant la verrue ostentatoire de l’esplanade. Mais le doute subsiste : ce que je vois dans les rues ou aux abords des ponts et des tours, est-ce la vie ordinaire ou  est-ce scénarisé ? Cette dame qui pile son piment à l’aide d’un pilon manipulé au pied, cette dame qui trempe ses tissus indigo dans la teinture, ce vieux monsieur fumant une drôle de pipe et opportunément assis sur le pont, et qui tous se laissent complaisamment photographier ; et ces rues sans ordures et au pavé étincelant…

Sans être inquisiteur…

Ce qui est sûr, c’est que le spectacle permanent qui est donné au petit théâtre, ayant pour fond une tour du tambour, n’a rien à voir avec les festivals auxquels j’ai pu assister les jours précédents.

Un petit moment encourageant : le jeune patron de l’hôtel Indigo, à qui je demande de pouvoir utiliser la wifi pour mettre à jour le blog, se coupe en quatre pour m’accueillir gracieusement et m’installer sur sa terrasse.

Je passe tout de même de bons moments à me promener dans cette cité.

Mais je crains le pire pour l’avenir : en sortant du village pour rejoindre Luoxiang 洛香 (à 5km) où il y a des bus, une bretelle d’autoroute donnant directement sur le portique d’entrée est en construction, des pelleteuses sont en train d’abattre une colline pour créer un nouveau parking, et déjà des voiturettes électriques font la navette vers le village…

Comme je suis arrivé dans ce village-attraction par la petite porte, j’ai évité le droit d’entrée et je ne peux même pas dire de combien il est… et je ressors par la grande, grâce à un conducteur aimable à qui je fais signe.  Il me dépose à 10 km, au-delà de Luoxiang, à l’entrée de l’autoroute. Une patrouille de police y contrôle les véhicules.

Je suis pris en charge par deux policiers qui me couvent et me dorlotent : thé et bonbons à leur local pendant qu’ils règlent un problème avec un chauffeur indélicat, appel à une femme parlant parfaitement l’anglais, appels aux conducteurs de car pour leur demander s’ils vont dans ma direction, …

Et que font les policiers de permanence lorsqu’ils sont dans leur local ? Hé bien, ils regardent des films policiers à la télé !!!

Je reste tout de même une bonne demi-heure à attendre que le bon bus passe. J’arrive à Rongjiang 榕江 vers 17h,  et il est trop tard pour poursuivre.

Les nouveaux quartiers de Rongjiang

Alors je reste dans la banlieue de cette ville poussiéreuse où, grâce à l’aide d’un jeune parlant anglais, je trouve un hôtel très convenable pour 100Y (prix affiché : 238Y !).

Petit tour dans cette banlieue où je constate qu’entre les tours, les promoteurs ont détourné une petite rivière et fait construire un petit pont des vents et de la pluie !