28/02/2011

Au Z-hotel, c’est vraiment sympa. On nous propose de garder nos valises toute la journée et il sera possible de prendre une douche avant de prendre le train ce soir. Il y a des douches partagées par plusieurs chambres. Ce sont de petites chambres du rez de chaussée. Nous, nous avions la chambre n° 27, au premier étage, avec douche et toilettes privées. La meilleure chambre depuis le début du voyage.

Nous sommes dans la rue vers 8 h 15 et nous sommes tout étonnés car la plupart des petits magasins sont fermés. La boutique internet, qui vient juste d’ouvrir et nous demande quinze minutes pour faire le ménage. Nous prenons le  scooter vers Marine road. C’est une immense plage très animée, à cette heure matinale. Beaucoup de gens se baignent. Les hommes en caleçon de bain, les femmes toutes habillées. Il ne semble pas y avoir de tenue de bain pour les filles. Même les petites filles se baignent habillées. Il y a plein de vendeurs à la sauvette qui proposent des colliers de perles ou corail et même des « diamants » emballés dans du papier gras ! Le tout à un prix défiant toute concurrence ! Des boutiques ouvrent progressivement : magnifiques objets en coquillages, bijoux, nourriture… On peut faire un tour de cheval ou de chameau le long des flots houleux.

On emprunte la rue qui mène au temple. Ce parcours est un véritable tour de force pour se faufiler entre les motos, les vélos, les voitures, les rickshaws à pédales et à moteur, les piétons et les mendiants. Ces derniers sont nombreux dans cette rue, la plupart accroupis exhibant leurs moignons, leurs bandelettes (lépreux ?), leurs malformations. Une véritable cour des miracles.

L’animation devant l’entrée du temple bat son plein : les gens vont et viennent entre les étals remplis de gâteaux au miel empilés et envahis d’abeilles, les marchands de bougies, ballots à offrir aux prêtres, noix de coco et fleurs pour le pooja, les pigments pour se maquiller le visage, etc . Dans cette cohue, les motos se faufilent en sirène hurlante, les rickshaws ont du mal à appuyer sur les pédales, et les mendiants tentent d’attirer l’attention en tendant leurs moignons et cicatrices purulentes sur votre passage. Les vaches règlent la circulation le cul sur la chaussée et les agents de police ruminent pensivement en lissant leur moustache.

Retour au Z, pancake à la confiture.

Reprise du scooter dans la campagne vers Raghurajpur. Par une petite route tranquille, on traverse des villages cachés derrière d’énormes meules de paille. Le village des « artistes » se résume en une rue avec quelques échoppes d’où bondissent des gens dès notre arrivée et qui nous sautent dessus ! On fait quelques achats pour ne pas être mangés tout cru…

Sur la route du retour, la fermeture du passage à niveau nous impose un arrêt d’un quart d’heure. Les gens impatients passent sous les barrières avec moto et vélo en se contorsionnant. Le train finit par arriver mais s’arrête en plein devant la route. Des piétons passent par les wagons pour aller de l’autre côté.

Sadhu en voyage

On fait un tour sur la route vers Sarapada, mais on s’arrête à Brahmagiri car il y peu de villages, le paysage est médiocre et surtout on a le cul en compote.

Retour au Z vers 15h30.

On repart en rickshaw à pédale vers le temple. C’est toujours la grande animation, mais on prend plaisir à s’en saouler car maintenant on est habitué au bruit incessant, mélange de haut-parleurs, de chants, de processions, de motos, etc. Traversant cette foule où chacun vibrionne sans tenir compte de son voisin, affairé à son activité religieuse, une femme, crasseuse et échevelée, marche fermement, droit devant elle comme une mécanique, vêtue uniquement d’un tee-shirt rouge arrivant au nombril et le reste parfaitement nu. Une femme devenue folle. Elle attire à peine le regard des gens. Plus loin dans la foule, des occidentaux, en uniforme de secte : un dothi blanc, pour les hommes, un saree blanc et un foulard pour les femmes, la main dans un petit sac de toile. Ils s’arrêtent parfois, regardent fixement le haut de la tour du temple où flottent des oriflammes, s’agenouillent et prient. Ils ont l’air d’être très assidus et en font plus que les autochtones. Ce qui ne leur donne pas plus le droit d’entrer dans le temple… Il y a à Puri plusieurs ashrams qui accueillent les occidentaux en perte de boussole. On reste perplexe sur leurs motivations : pourquoi choisir ce bordel plutôt que le leur ? Ici, le monde est dur, c’est la loi du chacun pour soi, « c’est bien fait pour toi si tu es dans la merde, car c’est ton Karma », etc. Discuter avec l’un d’eux sur ce sujet paraît impossible, tant dans leur regard, ils semblent illuminés.

Retour au Z par la plage : c’est le soleil couchant. La promenade est agréable sous le vent marin. Des gens ont abandonné les grands portraits de sable qu’ils ont patiemment créés, et à présent, la marée les grignote petit à petit. Des corbeaux et un chien se disputent le cadavre d’une grosse tortue de mer.

 Au Z : dîner, douche,  papotage et échange d’infos avec les travellers de tous horizons. Tuktuk pour la gare.

Le train est en gare. Alors qu’on s’installe, il règne dans le wagon une ambiance survoltée : des enfants en bas âge hurlent et leurs parents les secouent pour les calmer. Une famille plus posée s’installe dans notre « compartiment » et on fait connaissance. La dame aime beaucoup les films français qu’une institution proposait lors de festivals à Chandernagor (près de Calcutta) et est plutôt déçue que cela n’existe plus depuis dix ans.

Le passage du contrôleur nous réserve une surprise : si on veut des draps et couvertures, il faut payer un supplément (35 INR/pers). Notre voisin nous explique que ce train est à un tarif low cost. Il est vrai que ce billet Puri Kolkata est à 435 INR.

Nuit calme.