24/01/2014

Debout super tôt : je souhaite gravir le mont Wuzhi. Il s’agit d’une nappe de sédiments calcaires reposant sur une énorme masse granitique. C’est la montagne la plus haute de Hainan (1867 m), et c’est normal qu’elle soit la montagne sacrée de l’ethnie Li qui vit ici. Elle est dans un genre de parc national où il y a plusieurs activités.

Je pars de l’hôtel vers 5h15, histoire de faire la marche d’approche sur la piste qui mène à l’entrée du parc, en fin de nuit pour pouvoir démarrer l’ascension au lever du jour. La lune est à son dernier quart, le ciel est dégagé et j’y vois à peu près clair.

Bon, je me suis égaré à plusieurs reprises, en faisant de mauvais choix à des croisements, tombant sur des hameaux, ce qui n’était pas prévu (j’avais tout de même consulté un équivalent chinois de Googlemap – qui est bloqué ici) ; de plus il y a de gros travaux routiers car un immense centre religieux/culturel est en construction sur le flanc de la montagne. J’atterris d’ailleurs dans ce chantier. Ne trouvant pas d’issue au-delà des échafaudages et voyant la lumière d’un feu dans un baraquement, je m’approche, un chien grognant derrière moi ; j’interpelle un gars accroupi qui fait cuire une grosse gamelle. Quand il me voit, il renverse le couvercle, par surprise ! Enfin, il comprend ce que je cherche et me dit que ce n’est pas du tout dans le coin, et par un grand geste, il me montre que c’est derrière la colline qu’il faut aller. Marche arrière ! Et dans un autre hameau, une dame, un peu effrayée au début, m’explique que c’est encore loin et que je dois prendre une route en construction. Sur cette route, je fais un faux pas et je me tors la cheville droite ! Il fait encore nuit et je n’avais pas vu un gros caillou… Je rallie la bonne route en boitillant un peu. Bilan : j’ai perdu une bonne heure dans cette bêtise, tordu mon pied et effrayé des gens… !

Il reste encore trois kilomètres, la route est bonne et déserte et c’est déjà l’aube. Un car passe, me double et freine pour s’arrêter – le chauffeur me dit de monter : c’est lui qui amène les employées dans le resort qui est juste après l’entrée du parc. Il m’amène au départ du chemin, ce qui fait que je n’ai pas à payer l’entrée du parc (50Y) !

Le jour est complètement levé et le soleil derrière la montagne commence éclairer les nuées qui se condensent à son sommet, lui donnant un petit côté volcan. Le chemin du sommet s’appelle A. Le départ s’appelle A1 et un panneau indique, la longueur, l’altitude et au verso, les coordonnées géodésiques (à prévoir 1127m de dénivelé). Le chemin est cimenté avec de belles marches en granite. On est rapidement dans la forêt tropicale. Au panneau A4, il y a un plan du chemin, avec tous les points A : il y en a 31.

Au panneau A7, fin du béton : c’est un escalier aux marches de bois, supportées par une structure en métal soudé. Et ça grimpe ainsi dans la forêt : que des marches, à raison d’un palier toutes les dizaines de marches. Il doit y avoir au moins 7 000 (estimation).

Au panneau A14, le bel et confortable escalier cède la place à un chemin de randonnée classique sans autre aménagement que des poubelles (que personne n’utilise) et ces fameux panneaux numérotés.

Sympathique au début, mais rapidement devenu pénible par une raide montée, entravée par des racines entremêlées, des troncs d’arbre renversés, des passages glissants, etc, le chemin longe la crête d’une falaise à pic que l’on devine sur la droite derrière la végétation. Un fort vent venant de là rabat les arbres qui, par ce traitement, ont pris des formes étranges. Depuis le début, je suis seul sur ce chemin, suant à grosses gouttes pour me hisser sur tous ces obstacles– ma cheville me laisse tranquille.

On ne peut pas compter sur les panneaux pour se faire une idée de l’avancement de la route, sauf à avoir le nez dessus, et encore. En effet, ces panneaux ne sont pas répartis sur le chemin comme des bornes kilométriques, ils sont placés selon une règle qui m’échappe : il peut y en avoir à cinq mètres l’un de l’autre, et d’autres se font attendre désespérément.

Un gars me double, après mille politesses !

Je parviens en tirant la langue à un premier sommet ; de là, il faut descendre puis remonter… Et enfin j’arrive péniblement au sommet principal. Il y a là enfin le beau panneau A31 ! Et ce n’est pas du luxe que d’y piqueniquer ! Il y a une vue 360° magnifique ; le vent s’est calmé après avoir renversé les trois poubelles et soigneusement réparti leur contenu dans les buissons alentours. Au menu, les petits sachets distribués dans l’avion (craquers et condiments) et de délicieux fruits confits que j’avais achetés en croyant être des prunes, mais qui sont des jujubes.

Le chemin du retour rencontre les mêmes problèmes, mais c’est plus facile de s’accrocher aux arbres ! Il y a des gens qui montent, souvent des couples. Ils sont pour la plupart déjà fourbus … Certains ont des sandalettes… Plusieurs personnes sont ravis de me voir, me congratulent et me demandent de quel pays je viens. Les escaliers sont plus rapides à la descente, mais voilà qu’une crampe de la cuisse intérieure gauche m’immobilise quelques instants ( =  manque d’exercice…).

Il est midi trente quand je rallie le panneau A1. 5H30 pour accomplir la randonnée A/R.

Pour voir cet itinéraire sur une carte, suivez le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/wuzhishan-6040258

Lorsque je parviens à la route, il n’y a pas de voiture qui descend, ni de tuktuk qui attend – je décide d’y aller à pied. Au bout de 10 minutes j’entends derrière moi une moto qui descend, je lui fais signe, et son conducteur me prend ! Sa moto est toute neuve et il ne fait pas trop de cabrioles. Je suis rendu en cinq minutes à Shuiman, et il m’arrête exactement devant mon « hôtel ». Comment a-t-il deviné ???

Je prends ma valise et rends la clé à la dame de la boutique : il est 13h15 – je devais libérer la piaule à midi. Elle me raconte un truc en regardant sa montre, mais je fais celui qui ne comprend pas. Elle me rend mes 50Y de dépôt en tirant la mine.

J’arrive où le bus m’avait déposé hier, et voilà justement un bus qui est en partance ! Coup de bol !

Arrivée à Wuzhishan à 14h15. Le prochain bus pour Haikou est à 15h 30. J’ai le temps de reconstituer mes forces en prenant une belle assiette de nouilles avec des œufs brouillés et des tomates dans un restaurant musulman, juste en face de la gare routière. Le jeune qui m’accueille fabrique les nouilles sur son plan de travail : il y a une énorme boule de pâte lisse dont il taille une bonne portion, il l’étire et la transforme en un gros boudin. Qu’il prend à chaque extrémité et qu’il agite devant lui comme s’il s’agissait d’une corde à sauter. Rapidement la pâte se transforme en des fils qu’il rassemble puis agite jusqu’à obtenir … des nouilles ! Il les plonge aussitôt dans la grande gamelle bouillante à proximité, attend trois minutes, les passe à l’eau froide et les glisse dans une assiette qu’il porte aussitôt là où on fait les œufs brouillés. Nouilles maison et service rapide ! 15Y !

Dans le car pour Haikou (5 h 30 de route), je prends un peu d’avance pour faire le compte-rendu de la journée sur l’ordi : les gens dorment ou jouent à des jeux sur leur mobile.

Arrivé à la gare routière sud d’Haikou à 20h30, je tente de prendre un taxi pour retourner à l’hôtel que je connais, pas cher et dans un quartier bien sympathique. Après avoir montré sur la carte où je voulais aller, la dame du taxi me demande 50 Y, alors qu’un moto-taxi qui écoutait le marchandage,  m’en demande 15. J’enfourche la moto et m’accroche, la valise entre le chauffeur et moi, et nous voilà partis dans les embouteillages d’Haikou. J’avoue que j’ai fermé les yeux…

À l’hôtel on est content de me revoir et je prends la même chambre. Et je sors pour acheter une pommade pour ma cheville qui a eu le temps de gonfler pendant le trajet en autocar, et fais quelques courses.

De retour à l’hôtel, corvée de lessive.