09/03/2011

Alors que le réveil sonne, le train se met à ralentir. On a la paupière lourde et la bouche pâteuse. On arrive dans une grande gare mais on ne parvient pas à savoir laquelle : il n’y a pas de pancarte. Il y a de l’agitation dans le couloir, on demande où on est : c’est notre arrêt ! Branle-bas de combat, on est dehors en trois minutes.

Il fait encore nuit et il faut rejoindre le centre de Varanassi à une dizaine de kilomètres, de l’autre côté du Gange. Sur le parvis de la gare, une horde de vélo- rickshaws, de motor-rickshaws, de taxis,  de tuktuks, harcèle les voyageurs et nous en particulier. Les prix varient de 20 à 250 INR selon le mode de transport. On a la mauvaise idée de choisir le tuktuk collectif : on se retrouve à dix-huit dans une boîte de conserve plus petite qu’une Twingo (mais plus bruyante et moins solide). Les valises sont jetées sur le toit !

À la gare de Varanassi Junction, même cohue. On met les bagages à la consigne.

L’hotel Ganpati que l’on avait pressenti est déjà complet (à 8h du mat…) et on se rabat sur son voisin, l’hôtel Akla. Les chambres ne sont pas libérées ; on en réserve une, douche, petit dej. Sur la terrasse qui donne direct sur le Gange. Des barques chargées de pèlerins venus admirer les ghats depuis le fleuve le descendent et le remontent ; ce dernier est très large et très calme.

Les ghats sont animés. C’est la foule pour effectuer les rites de purification : baignade, nettoyage, prières, puja par le prêtre, petit rituel avec des poudres colorées, du ghee et l’eau du Gange. Chaque étape de la vie est concernée par ce rituel : naissance, enfance, mariage, mort. Une femme asperge son bébé nu avec l’eau (douteuse bien que sacrée) du fleuve. Une petite fille se fait raser la tête au son d’une banda guillerette, et sous les rires de la famille. Elle pleure de désespoir en voyant ses cheveux tomber. Un couple de jeunes mariés viennent de faire leur pooja les pieds dans l’eau. Des vieillards se trainent sur les marches pour atteindre l’eau sacrée. Plus loin, des brasiers de crémation brûlent, des corps enveloppés d’étoffes or et vermillon gisant à côté après avoir été plongés dans l’eau. Des immenses tas de bois sont empilés au-dessus, attendant le client.

Toute cette animation se fait dans la joie, dans les pleurs, dans le recueillement, dans les danses et la musique, le tout à la fois ou successivement, mélange d’émotions. Massala.

Retour à la gare dans une circulation infernale puis à l’hôtel où on veut nous caser dans un placard. On est obligé de se bagarrer pour avoir une piaule correcte (mais plus chère – 850 INR).

Promenade dans les ruelles – bousculades, vaches (et leurs bouses), klaxons stridents des motos, chiens errants (et leurs crottes). La rue est le lieu de multiples activités : petits plats, boissons, réparations de vélos, et même un gars qui fabrique des prothèses dentaires et les fait essayer par ses clients !

À la tombée du jour, promenade en barque le long des ghats. L’air est frais et apaisé. Des gens lâchent des bougies allumées qui descendent avec le courant. Moins poétique : on croise un chien crevé…