10/03/2011
On s’est endormis comme des souches. Du coup, le réveil à 4h15 est acceptable d’autant qu’on doit retrouver notre boat wallah pour un tour sur le Gange au lever du soleil.
À 5h30, il fait nuit noire et il n’y a pas grand monde sur le fleuve. Mais déjà des groupes de touristes japonais descendent en rangs serrés les marches du Dasaswamedh Ghat, sous les lumières au sodium d’immenses lampadaires.
Notre boat wallah nous reconnait et comme convenu nous embarque sur son esquif. Comme la veille, on remonte le fleuve. Alors que le ciel bleuit à l’horizon, on largue deux bougies flottantes. Les rayons du soleil levant rougissent les murs dressés comme une falaise, illuminant les temples majestueux et les imposantes résidences de maharadjas. Le calme des premiers instants (clapotis et chants d’oiseaux) est progressivement remplacé par les cloches et les tintements venus des temples, puis les hauts parleurs qui relaient les chants des prêtres des ashrams.
La nuit s’achève et la rive nord s’anime : c’est la fin de consumation des buchers de crémation et il faut les réapprovisionner, les dobhi-wallahs apportent les gros paquets de linge (peut être le nôtre ?) et commencent à le taper fort sur des cailloux plats disposés au bord de l’eau douteuse du fleuve sacré.
Retour sur la terre ferme. On traverse le chowk (les ruelles commerçantes) vers le nord pour atteindre la route de Sarnath. Un conducteur de rickshaw à pédales nous propose de nous y amener (200 INR, 10 km) nous promettant de nous laisser le temps qu’on veut pour nous y promener. Pendant le chemin chaotique qui nous y conduit, nous faisons connaissance. Il s’appelle Raju, parle anglais, et nous parle de beaucoup de choses. Il est enjoué et est plein d’humour. Il nous montre son « press book », un petit carnet dans lequel les touristes de passage déposent leur témoignage enthousiaste.
Il nous explique comment fonctionne le système des rickshaws : la plupart des véhicules sont loués à des propriétaires, à raison de 40 roupies par jour pour les vélos, et de 250 roupies pour les « motor ». Un richshaw-vélo neuf coûte 250 € et d’occasion 100 €. On traverse des quartiers déshérités voire laissés à l’abandon.
Le site de Sarnath est un endroit tranquille qui contraste avec l’effervescence poussiéreuse de Varanassi : vaste parc verdoyant, protégeant les ruines d’antiques temples bouddhiques, des temples plus modernes et des musées. Raju est une personne de confiance qui connaît bien la ville.
De retour à Varanassi, il nous emmène dans le quartier musulman des tisseurs de soie : de la rue on ne voit rien, mais on entend claquer les métiers à tisser derrière les fenêtres. On a ouvert des portes et vu à l’œuvre des teinturiers, des perceurs de cartes perforées destinées aux métiers à tisser, des tisseurs, des brodeurs… ça se termine dans une échoppe du quartier (Rosi Silk Internationnal, C15/6A, B, Lallapura) et on nous fait l’article. Les prix nous semblent moins élevés que dans le chowk. Nos routes se séparent et nous rentrons à pied vers les ghats.
Dernière promenade sur les ghats pour se calmer les nerfs après une journée dans la poussière et l’enfer des klaxons. On n’en est pas à rester la journée entière dans la position du lotus les yeux fixés sur la rive d’en face, comme certains néo ascètes occidentaux, mais presque…