08/02/2014

Ciel bleu, 14°. La petite vague de froid semble passée.

Les minibus jaunes

Je souhaite aller dans le village de Bandi 板底, à une cinquantaine de kilomètres au NE de Weining. Ce village est cité par le Guide Bleu comme étant un village yi. Allons voir les Yi ! J’ai préparé ma virée : 1) en trouvant sur Acme le village et sa double transcription, 2) en recopiant sur un papier les deux caractères chinois pour écrire le nom de ce village. Je crois que j’ai des progrès à faire…

À la gare routière longue distance où je présente mon papier (9h), on me dit d’aller voir les minibus jaunes un peu plus loin. Là, on me dit que c’est à l’autre gare de minibus à 300 m. Dans ce grand parking, je trouve mon minibus. Je constate que le premier des deux caractères n’est pas écrit exactement pareil que le mien… On attend une heure (vrai) pour que le minibus soit plein (sept places!). En attendant que leur minibus se remplisse, les conductrices tricotent ! Des inspecteurs font le tour des minibus et vérifient qu’il y a bien des extincteurs dedans.

Route de montagne pourrie, défoncée et poussiéreuse. Col à 2500m. Une rangée d’éoliennes décore la ligne de crête. La descente sur Bandi est plus tranquille. Le village est au fond d’une vallée et est plus basse en altitude que Weining.

Bandi est un beau village tranquille, aux maisons blanches décorées de peintures murales représentant des scènes de la vie traditionnelle. Les gens sont surpris de me voir là. Je fais le tour du village en passant par les champs. Il y a beaucoup de cochons errants et quelques chiens agressifs. Une dame est obligée d’en chasser un à coup de pelle pour me dégager la route ! Les vieilles dames yi portent encore leur tenue traditionnelle, les jeunes sont comme à la ville. Cependant une fête se prépare quelque part : trois demoiselles ont revêtu leur belle tunique et y font les dernières retouches. Une jeune fille parlant quelques mots d’anglais m’est bien utile pour m’indiquer un endroit (confidentiel car on ne voit rien de la rue) pour manger. Je déguste une soupe de légumes et lardons préparée sous mes yeux.

Je décide de retourner à la route principale en faisant  une petite randonnée par les hameaux que j’ai vus de la route et qui sont à l’écart de celle-ci. Je fais ainsi 12 km dont les trois quart sur des sentiers. Le paysage montagneux est un peu râpé et encore bruni par l’hiver. Les éoliennes, pourtant éloignées, font un bruit de souffle difficile à ignorer. Je grimpe une colline où il y a pleins de trous profonds avec des échelles de bois pour y descendre et creusés par des mineurs.. J’ignore ce qu’ils ont pu en sortir. Tous ont l’air à l’abandon.

Dans les hameaux, c’est la surprise générale ! On m’invite à boire le thé vert (boudu, qu’il est amer!). Les maisons de loin, peintes en blanc, certaines avec un toit de chaume, font un bel effet ; mais les abords et les intérieurs sont plutôt négligés. Les enfants et les cochonnets roulent dans la poussière en rigolant. Les gens doivent aller chercher de l’eau dans des citernes enterrées. Un gars m’accompagne obligeamment dans le hameau et un peu à l’extérieur pour que je ne me trompe pas de sentier.

Dans les champs, durement gagnés sur une terre en pente et sur un support calcaire qui ne retient pas l’eau, les paysans travaillent quasiment sans aucun outil mécanique : la houe, la bêche, parfois un soc en bois tiré par un bœuf. On amende la terre par des petits brûlis de broussaille.

Parvenu à la N 326 (15h30), je fais encore quelques pas sur la route car le temps s’est rafraîchi avec un petit vent glacial, et peu de voitures passent et pas de minibus. Reste une trentaine de kilomètres. Le brouillard s’empare des sommets et maintenant vient couvrir la route.

Nouvelle politique de natalité

Finalement, alors que je ne fais aucun signe, une petite voiture s’arrête : le conducteur me dit de monter, et je m’installe en compagnie de deux femmes et d’un bébé. A la place du rétroviseur, il y a une visionneuse de DVD qui diffuse du karaoké local. Entre les bavardages avec ses deux passagères, les coups d’œil sur le karaoké, le brouillard et la route pourrie, le conducteur ne risque pas de s’endormir ! Retour à Weining en cahotant (17h) et où il fait un soleil éclatant.

Pendant mon absence, on a fait le lit et le ménage dans ma chambre. Je m’attaque à mon linge…